Cannes 2013 – Compétition officielle
Asghar Farhadi, réalisateur du mémorable Une séparation tourne Le Passé en France, avec des acteurs français. Pour rappel, il ne parle pas la langue. L’accueil du film à Cannes est enjoué, certains parlent de Palme, mon avis est plus réservé.
Ahmad atterrit à Paris pour signer les papiers de son divorce d’avec Marie-Anne. Là il apprend qu’elle veut épouser Samir. Mais Lucie, la fille de Marie-Anne, leur fait vivre un calvaire depuis quelques mois sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi. Ahmad tente alors de parler à Lucie.
Avec un scénario habile (qui révèle quelques surprises que l’on taira ici) et des acteurs parfaitement dirigés, Farhadi offre une œuvre moins puissante qu’Une séparation. Malgré toute la réussite qui émane du Passé, il est difficile de ne pas le comparer à son précédent succès. Il pêche à deux endroits : l’intrigue est trop longue à s’installer et son parti pris esthétique m’a écartée de l’émotion. Il filme presque en permanence ses personnages de dos ou de trois quart. On ne voit pas assez leurs yeux, leurs âmes.
La scène d’ouverture met en place tout le sujet du film et probablement aussi de sa création : Comment communiquer quand on ne peut pas s’entendre ? Marie-Anne et Ahmad se parle à travers une vitre dans un aéroport. Ils mettent un certain temps à comprendre ce que chacun exprime et le spectateur non francophone ne saura pas ce qu’ils racontent. Nous, lisons sur leurs lèvres mais rien n’est sous-titré à cet instant.
Bérénice Béjo peut prétendre à un prix d’interprétation pour ce rôle-là. Elle est saisissante lors de ses colères contre les hommes, Samir, Ahmad et surtout Fouad, un jeune garçon de 6 ou 7 ans.
Le Passé porte en lui l’empreinte de son cinéaste : un scénario malin, des acteurs à leur sommet et une problématique sous-jacente passionnante. Un grand film qu’il faut prendre le temps de digérer et qui ne touchera peut-être pas au premier abord.
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