Love & Mercy

Effet d’un Hollywood en manque d’inspiration, les biopics sont devenus un genre souvent utilisé pour mieux attraper le public sur un ou deux noms connus, sans trop faire attention à la qualité intrinsèque de l’oeuvre. Deux contre exemples viennent cependant contredire cette tendance, offrant un documentaire attendrissant et très fourni (AMY) et une fiction savamment équilibrée autour de la figure des Beach Boys, Brian Wilson. Une pure réussite qui vient mesurer, comme le film sur Amy Winehouse, le poids de la célébrité sur un grand artiste, piégé par sa célébrité et une partie de son entourage.

Tout n’était donc pas rose au pays des californiens dansants, frères et cousins dont les airs nous accompagnent depuis les années 60. Le film de Bill Pohlad (producteur qui signe ici son premier film) se concentre sur la figure de Brian (un rôle sur mesure pour Paul Dano), le compositeur et chanteur de la formation, atteint de troubles psychiatriques. On suit le jeune homme, entre création et errance, progressivement glissant vers une folie l’éloignant du réel. En parallèle, on le retrouve dans les années 80, adulte encadré par un docteur tyrannique, et dont seule la nouvelle relation avec une femme le sortira progressivement des traitements à répétitions pour retrouver le réel (ici John Cusack excelle, aux côtés d’une Elisabeth Banks qui retrouve enfin un vrai rôle).

Double portrait aux ingrédients parfaitement mesurés, LOVE & MERCY dépasse la simple présentation de la vie de Brian Wilson et les Beach Boys pour offrir un vrai film. Leur musique en fond, jamais omniprésente, guide les pas de Brian, du moment où il s’éloigne du groupe malgré la sortie de certains titres mythiques, jusqu’à sa rémission. Un film nostalgique, poétique, baignant aux limites de l’artistique et de la folie, dont on ressort avec un rêve californien. Et les notes d’un Brian Wilson en live, magique.

4.5 / 5
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