“C’est quand même un type qui se balade dans les rues en costume de chauve-souris.” La blague est connue, elle a même déjà été utilisée précédemment dans la saga Batman au cinéma. Pourtant le reboot-reset-redémarrage opéré par Matt Reeves n’a rien de drôle, bien au contraire.
Et c’est assumé. Matt Reeves n’est pas vraiment un marrant, à regarder sa filmographie on le comprend. Batman non plus, alors le choix de Robert Pattinson pour incarner le justicier de Gotham est parfaitement judicieux. Les petites touches d’humour que l’on pouvait connaître du héros venaient surtout de Bruce Wayne (ou d’Alfred). Mais dans The Batman, sur presque trois heures de film, très peu de Bruce : adieu la légèreté.
Et c’est bien ce qui dérange, au final : à trop vouloir être sombre, le film finit par se prendre beaucoup trop au sérieux. OK, héros tourmenté. OK, Gotham la ville ténébreuse en décrépitude, rongée par le mal. OK, on va pouvoir faire des économies sur le budget lumières. Même le méchant qui fait des blagues (pardon, pas des blagues : des devinettes) se la joue terroriste « dark » pour faire encore plus peur. Paul Dano est comme toujours formidable (sans masque).
C’est quand même un type qui se balade dans les rues en costume de chauve-souris. Et pour enfin retrouver l’esprit du Batman qui nous a fait grandir il faut regarder du côté de la fille qui se balade en costume de chat : Zoé Kravitz incarne Selina Kyle / Catwoman qui semble parfois vouloir remettre les personnages à leur place, surtout Batman, alors qu’elle même n’a pas une situation facile à régler. Mais au moins on y est. Ce que Tim Burton et Christopher Nolan avaient su manier parfaitement, à savoir l’équilibre sombre-léger, Matt Reeves passe à côté en choisissant clairement de faire pencher la balance, voire même carrément de la faire tomber. Soit.
En-dehors de ce reproche qui reste important, The Batman est un très bon film noir. Certes il a ses longueurs, ses insistances poussives parce que tout est sombre et qu’il faut bien appuyer dessus, costumes sombres, architecture sombre, ruelles sombres, regards sombres, phrases sombres (quand elles ne sont pas obscures) tout cela est parfois bien lourd. Mais l’enquête vaut le coup. Mieux : elle s’améliore au fil de l’histoire, le scénario gagne en consistance, il parvient même à surprendre. The Batman est une réussite comme thriller, on a parfois l’impression d’y retrouver du David Fincher (Se7en ou Fight Club) dans sa façon d’aborder certaines scènes. Il y a pire comme ressenti.
Alors si l’aventure de Matt Reeves aux commandes devait se poursuivre, on lui souhaite de trouver l’équilibre qui fait la réussite des films les plus emblématiques sur le type qui se balade dans les rues en costume de chauve-souris.
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