Mains Armées

Assez continu dans son effort (même si son dernier film date de 2008), Pierre Jolivet nous revient cette fois ci avec un bon vieux polar, mais pas que. Son MAINS ARMEES est certainement un peu différent de ses derniers films plus ancrés dans une réalité sociale poussée, mais Jolivet a souvent varié de genre dans sa filmographie, et même ici il arrive à le faire à sa manière. Ce qui reste le point fort et le point faible du film.

D’un côté, Roschdy Zem, policier chevronné, installé à Marseille et luttant contre le trafic d’armes. De l’autre côté, Leïla Bekhti, jeune fliquette des stups parisiens, un peu paumé entre petits trafics et magouilles en tous genres. Les deux se croisent au détour de deux enquêtes mêlées, et le père et sa fille ont du temps à rattraper… S’ils le veulent bien. Polar familial (réel, outre les clans et les gangs, c’est surtout le lien de filiation qui prédomine) ou film des familles à mains armées (donc), ce film policier signé Jolivet ne démérite pas dans l’installation de son histoire, et tente bien d’en offrir une vision originale. Peu à peu, l’histoire policière tend à disparaître pour laisser la place à cette relation, ou cette absence de relations (le père ayant fui ses responsabilités, les deux n’étant pas dans la communication la plus simple). Une évolution du film qui lui donne toute sa consistance, son originalité. Et noie aussi la tension de l’ensemble dans un aller-retour entre ces deux côtés d’un même film.

Au final MAINS ARMEES tente quelque chose. En s’éloignant des nouveaux codes (vendus par Olivier Marchal et consorts) d’un genre éprouvé mais vivant, Pierre Jolivet y pose sa patte, réaliste et actuelle. Tissant un scénario où sa thématique principale (la relation père/fille au milieu d’une vie toute policière) rebondit sur chaque petit détail (les vies des services de police, mais aussi des groupes de chaque policier, de leur vie personnelle à la relation chef de service/seconds rôles), Jolivet arrive à creuser son idée sans toutefois la présenter clairement. La dernière partie du film ne parvient pas à faire ressortir un bilan clair de tout cela, livrant un final perdant quelque peu le spectateur. Finalement, ne sachant trop que choisir, MAINS ARMEES termine sur une ouverture trop large, sacrifiant une grosse partie de l’histoire pour se concentrer sur son idée principale. Quitte à ne pas offrir de conclusion satisfaisante.

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