Dans une année où le cinéma français a livré comme à son habitude quelques jeunes talents en pâture au box office national, la fin d’année nous réserve encore quelques jolis moments. Et les premiers pas du rappeur Abd Al Malik derrière la caméra en sont un parfait exemple.
De sa propre histoire, déjà racontée sur papier, Abd Al Malik en fait un film. Une oeuvre en noir et blanc au milieu des tours de la banlieue de Strasbourg, au milieu des petites magouilles pour survivre et l’espoir d’enregistrer un album de rap. Artiste à part entière, le nouveau réalisateur s’empare du langage de l’écran pour développer son propre mythe. Celui d’un jeune gamin (incarné par un Marc Zinga étonnant) décidé à réussir, conscient des limites à dépasser quand il le faut, des choses à faire pour rejoindre son destin.
On sent l’oeil de l’artiste, celui qui s’empare des moindres détails, des moindres étapes de création, pour livrer son film. Un long métrage à la narration délicate, au montage travaillé. Tout est mis au service de cette première partie de vie, avant de laisser filer la suite, que l’on connaît plus ou moins. Pour un premier film, c’est une réussite réjouissante, celle dont le format rappelle une certaine HAINE, également en deux couleurs au milieu d’une crise sociale, et si les sentiments sont toujours aussi affûté le pessimisme est ici moins percutant.
4 / 5