Réalité

Le cinéma comme un cri. Ou plutôt un gémissement. Si Quentin Dupieux a depuis ses débuts (le moyen métrage NONFILM en 2001) joué de manière brute avec les codes du cinéma, détournant les rôles principaux (RUBBER), les dramatiques, les sons et le montage, c’est pour mieux nous ouvrir à son univers.

Un univers décalé, absurde qu’il synthétise ici après deux films sous forme de dérives électronique. REALITE leur récupère un calme apparent et inquiétant, une photographie vintage et des personnages désormais caractéristiques du cinéaste musicien (un homme rat, des banlieusards américains égarés…). Avec ce qu’il maîtrise désormais, Dupieux embarque quelques camarades français (Alain Chabat et Jonathan Lambert) dans un trip total, fiction décomposée où les niveaux de temps et de réalité se perdent dans une histoire en forme de ruban de Möbius où la fin, le début et le milieux cessent d’avoir une importance. Où on ne sait plus quel personnage est réel ou non. Ou peut être.

Lentement son récit se déstructure, offrant une mise en abîme de son propre film, multipliant les points de vue et les issues, tout en réduisant l’ensemble a de simples éléments : quelques acteurs, quelques situations. On ne sait plus trop où on est, mais l’expérience est jouissive : voir Alain Chabat (trop rare en ce moment) à la recherche d’un son parfait, finalement éparpillé entre plusieurs pans de réalité, se révèle à la fois abstrait et comique. Dupieux le magicien est ici à son sommet, retrouvant une forme d’efficacité qu’on ne lui avait pas connu depuis RUBBER.

4.5 / 5
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