Rengaine

Ce premier film de fiction de Rachid Djaïdani a mis neuf ans à voir le jour. Sans scénario, sans producteur, mais avec fougue, foi et quelques acteurs très fidèles, il a accouché d’une Rengaine sur la mixité, d’un uppercut comme il dit lui-même.

Dorcy, un jeune acteur noir chrétien, vit avec Sabrina, une musicienne musulmane d’origine maghrébine. Ils vivent leur amour avec un naturel désarçonnant. Mais quand Dorcy demande Sabrina en mariage et que ses nombreux frères (près d’une quarantaine) l’apprennent, les choses se compliquent.

Les visages sont filmés de près, le grain du film est épais : les images sont laides et il faut un temps d’adaptation pour s’y habituer. Mais dès que l’on est entré dans cet univers, difficile d’en sortir indemne. Les personnages secondaires deviennent vite principaux et souffrent parfois bien plus que le couple amoureux. Certains sont au cœur de situation cocasses et truculentes. Paris, l’autre protagoniste, est présenté comme rarement au cinéma, très loin des clichés carte postale d’un film de Woody Allen, dans une tragi-comédie qui bouscule les codes du cinéma français.

L’empathie ressenti à la vision du film m’a submergé et j’ai l’impression qu’une partie de mon histoire venait d’être racontée. Mon avis n’est probablement pas le plus subjectif, mais il est profondément sincère et ému.

4 / 5