Le cinéma mexicain a bien le vent en poupe, et voir l’un de ses 3 réalisateurs phares revenir au pays fait du bien. Et ROMA fait du bien. Avec sa maîtrise technique (une habitude), Alfonso Cuarón distille des sentiments et des envies à travers le portrait d’une femme de ménage, fortement inspirée de ses propres souvenirs familiaux, et en profite pour dresser le portrait d’une époque troublée.
Dans ROMA, elle est discrète mais lumineuse. Elle est au centre mais toujours au service des autres, à la recherche de quelque chose. Cleo est la femme de ménage, mais aussi nounou d’une famille huppée du Mexique de 1970. Alors que le pays se disloque autour d’enjeux sociaux, que le couple de bourgeois vacille, elle-même doit lutter pour affronter une grossesse isolée. La caméra se fond dans le décor pour nous laisser explorer le quotidien de Cleo et de sa patronne, deux figures maternelles perdues au milieu du chaos environnant.
Paré d’un noir & blanc sublime, ROMA pourrait sembler jouer la carte d’une nostalgie dépassée, mais au contraire parvient à définir une figure de la féminité qui transcende les époques. Dans la confrontation avec l’extérieur, avec les hommes environnants, Cleo reste souvent silencieuse mais, têtue, ne recule jamais. Et si le plus dur est d’affronter ses propres démons, c’est bien pour montrer qu’à la fin, l’espoir reste.
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