Après le brillant SICARIO, présenté à Cannes 2015, une suite de ce triller politique musclé ne semblait pas une évidence. Voir, à l’annonce du studio, on pouvait deviner le futur faux pas à venir en l’absence de la comédienne Emily Blunt, du réalisateur Denis Villeneuve et du chef opérateur Roger Deakins. Et pourtant, toujours sous la houlette du scénariste Taylor Sheridan, Sicario 2 tient bon la barre.
Nulle comparaison possible : DAY OF THE SOLDADO (son sous-titre d’origine, bien plus parlant que « LA GUERRE DES CARTELS » qui ne renvoie à rien de concret) conserve la même lecture politique contemporaine et la dose d’action millimétrée du premier, s’inscrivant désormais dans une époque plus tourmentée & complexe. Derrière la caméra, Stefano Sollima s’applique, trouve les angles pour poursuivre le travail de Villeneuve. SICARIO 2 est un polar aux décors identiques mais où les barbouses Benicio Del Toro et Josh Brolin s’en donnent à coeur joie.
C’est sans doute sur le volet politique que le film avance en équilibre précaire. En pleine ère Trump, SICARIO 2 élève la carte d’un américanisme interventionniste & autonome, loin des considérations du monde et politiquement faible. Nos héros sont des pions d’un grand jeu dont ils sont les détonateurs ; le contexte géopolitique global, tout aussi étudié qu’auparavant, paraît être un bac à sable stéréotypé, plus manichéen que jamais. La fin, ouverte, semble proposer un 3e volet plus resserré qui, à l’instar de BOURNE, devrait voir les vengeances personnelles prendre le pas sur le propos global.
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