Spring Breakers

Comment créer le buzz en 2013 ? Simple ! Prenez tout d’abord un réalisateur décalé, voir bis, du type d’Harmony Korine. Un nom qui sonne bien, quelques films indés véhiculant une image moins polissée de la société américaine (le monsieur a même écrit pour Larry Clark), il fera le job. Pour son nouveau projet, c’est bikini et gros flingues, mais pas question de faire dans le vulgaire. On jouera plutôt sur la mode, le white trash (oui, c’est marqué dans le dossier de presse) et le spring break. La grande fête du Printemps, l’orgie chaude des étudiants américains, est propice à tous les excès. Et si on allait plus loin ?

Déjà mis en avant par Alexandre Aja dans son PIRANHA, le Spring Break vaut donc toutes les soirées de l’année, et Korine place dès le départ les enjeux du film. Filles seins nus, bières qui coulent à flots, décadence et amusement de l’américain moyen. En cela rien d’original (Larry Clark l’a fait en beaucoup plus trash, Gaspard Noé en plus épidermique), et Korine va y mettre le grain de sable qui ne va absolument rien changer à l’ensemble mais donnera tout son sel à l’histoire. Quatre jeunes femmes, quatre muses en quête de sens, se frottent à la fête dans l’espoir de s’y faire piquer, et y croise un dealer grande gueule, grand dentier (James Franco, qui s’amuse comme un fou). Dès lors on s’enfonce dans un trip sous acides sans bad trip, version rose bonbon à souhait dans lequel éclatent des bulles rouge sang. De ces quatre Blanche Neige paumées au milieu de l’orgie ultime, Korine les transforme en bras vengeur et aveugle d’une jeunesse préférant brûler les deux bouts du cigare plutôt que de tenter de survivre.

Fausse provocation pour vrai film d’atmosphère, SPRING BREAKERS est une épopée acidulée au bras de quatre charmantes hôtesses dont l’âge légal sera à vérifier. Jonglant avec malice avec les codes du genre (des fusillades empêtrées dans du Britney Spears, ça change), Harmony Korine cache derrière la plastique à peu près irréprochable de son film le vrai désespoir d’une nouvelle génération isolée. Peu importe la destination, c’est le voyage qui compte.

3.5 / 5