The Green Inferno

Après plusieurs années de production, d’aide aux amis et d’apprentissage de l’espagnol, Eli Roth se retrouve en 2015 avec 2 films à l’affiche (et au festival de Deauville) et avec sa compagne Lorenza Izzo : KNOCK KNOCK avec Keanu Reeves, et son GREEN INFERNO tant attendu, annoncé comme un film de survie ultime en pleine jungle amazonienne. CANNIBAL HOLOCAUST, te voilà prévenu !

Ne le nions pas, Roth fait preuve d’une certaine générosité dans l’effort, et fait tout pour nous rassasier. Avec un mais. Bénéficiant d’une réputation certaine dans le milieu du genre, Eli Roth est autant un réalisateur qu’un showman. Son spectacle, il le prépare devant sa caméra mais aussi et surtout tout au long de la vie de son film, d’effets d’annonce très en amont, créant un teasing auprès de sa fanbase (existante dès HOSTEL), que lors de sa tournée promo. Le bonhomme sait s’annoncer, et peut être un trop tant on redescend de haut à chaque visionnage de ses films.

THE GREEN INFERNO plonge une jeune ingénue, étudiante innocente, en pleine guerre entre écologistes et tribus en Amazonie. Tout irait bien dans le monde des bisounours si finalement ces peuples locaux n’étaient pas cannibales, et ne commençaient pas à dépecer ses camarades pour le brunch… Alors oui, le film livrera face caméra quelques rapides démembrements qui feront rire nerveusement (ou pas) l’audience, mais ce sera après un long chemin de croix… pour le spectateur justement. THE GREEN INFERNO offre 50 minutes d’ouverture sur 1h40 de film, et si la deuxième moitié délivre quelques rapides moments gores, c’est bien peu face à la réputation du long métrage.

L’enchaînement des massacres promis (on est là pour ça) se fait de manière assez anodine ; l’une disparaît simplement de l’écran, un autre se voit envahi de fourmis grossièrement numérique… On frôle la série B avec des requins volants tant l’exécution est pauvrement réalisée et sans grand effort. Roth préfère avancer sur son propos plutôt que soigner ses effets, au détriment d’un film où il avait visiblement un cadre propice à proposer sa version des grands classiques cannibales. En lieu et place, des héros insupportables (admettons, c’est le genre), des méchants aux pierres bien aiguisées plutôt ridicules (et peu crédités dans la promo) pour mieux surligner son discours. Comme tous ses films, on parle ici de la suprématie occidentale remise à sa place, d’une certaine arrogance brisée. En fond, le portrait de cette fausse tribu est plutôt une caricature assez grossière.

Eli Roth s’offre donc un nouveau décor (l’Amazonie, des activistes écolos) pour raconter une nouvelle fois la même histoire. Rien de bien extraordinaire ressort de cette bobine de série B plutôt rigolote sur la fin, mais assez vulgaire dans son traitement. On s’interroge toujours sur le vrai sujet d’Eli Roth : l’arrogance de ses personnages, ou de lui-même ?

1.5 / 5
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