Après le choc DEMINEURS, qui ironiquement faisait le pied de nez à son ex-mari de James Cameron, Kathryn Bigelow démontrait de nouvelles capacités, dépassant son simple statut de réalisatrice au sein d’un groupe très masculin. Forcément, on attendait la suite, et dès les premières rumeurs cela semblait très bon. Dans la même veine, un film de guerre contemporain en plein dans l’actualité, la réalisatrice de K-19 ou STRANGE DAYS surpasse son film précédent en nous livrant face caméra la traque de l’ennemi public numéro 1 : Ben Laden. Entre 2001 et 2011, une analyse des Etats-Unis post-11 Septembre.
Aucun paravent, aucune volonté de cacher les choses, nous voilà embarqué au milieu du groupe d’experts de la CIA chargé de retrouver le responsable ultime des attentats du World Trade Center. De ce qu’il faut faire pour y arriver, ou pour terminer l’opération, ne cherchez pas les excuses. Bigelow livre un film non consensuel, politiquement sur la brèche, ouvert aux polémiques. Basé sur une étude minutieuse des choses, sur le même modèle que DEMINEURS, ZERO DARK THIRTY est un journal millimétré des évènements menant à l’ultime rebondissement. Ironiquement, la production a été fortement remanié suite à la réelle mort de Ben Laden. Quand le réel rattrape la fiction… Peu importe, Bigelow s’en accommode fort bien et le film n’en paraît que plus crédible. Directement connecté à l’actualité récente, le film se veut aussi bien un traitement à chaud de l’évènement, chose rare, qu’un portrait de l’état d’esprit américain après 2001, entre colère, frustration et une peur paranoïaque de la menace terroriste.
Sur un sujet très contemporain, dont la télévision traite déjà en long, en large et en travers (de 24 à RUBICON, ou évidemment HOMELAND), Bigelow livre un film synthèse, ponctué de séquences clés (l’ouverture, dans le noir total, ou la séquence finale, évidente mais totalement maîtrisée), laissant aux spectateurs son propre jugement. Faisant passer le très bon ARGO pour un divertissement familial de base, ZERO DARK THIRTY possède de multiples couches d’analyse, et c’est là où la réalisatrice réussit son coup, pour un sujet audacieux.
4 / 5Il y a 13 autres articles à lire.