Philippe Delerm est un observateur de ses contemporains. Et de lui-même. Sa longue bibliographie regorge de ses « instantanés littéraires » qui ont fait de lui un témoin hors-pair de la société et des petits moments de vie.
Avec « L’extase du selfie et autres gestes qui nous disent », Delerm s’attaque à nos comportements. Le langage gestuel est son nouveau filon, qu’il décrypte et interprète dans les quelques dizaines de courts chapitres que contient le livre.
Pourtant cette fois, on rentre moins facilement dans ce nouvel ouvrage que dans les précédents. La force de Delerm qui est de dépeindre une situation que l’on visualise très rapidement, se fait plus rare ici. Certaines scènes s’appréhendent avec peine, quand parfois elles ne s’appréhendent pas du tout. Trop de métaphores ou de périphrases.
Alors élitiste, Delerm ? Pourtant non. Son Extase du selfie est pertinente tout comme le sera ce verre de vin à la main, ce pouce et cet index appuyés sur les paupières, ce mouvement de hanche qui s’écarte au passage d’un chat fantôme. Ce sont sans doute les situations, très variées, qui parleront moins à un même lecteur. Chacun y puisera donc les images mentales qu’il pourra, laissant son imagination travailler sur les autres chapitres.