De la soul moderne

Blood Orange – Freetown Sound

Le New-Yorkais Devonté Hynes est talentueux ; c’est un fait, c’est indéniable. Avec son troisième album Freetown Sound, il livre tout ce qu’il peut de personnel et de politique (abordant religion, sexisme et racisme), tentant même de faire la synthèse entre son passé, son présent, et son possible futur.

Je viens d’enregistrer un album qui parle de ma vie, mon éducation, en tant que noir en Angleterre, noir en Amérique… J’y ai déménagé à l’âge de 21 ans, l’âge auquel ma mère est venue de Guyane jusqu’à Londres et mon père de Sierra Leone à Londres. Freetown Sound, le titre de l’album, est inspiré de la ville de Freetown où mon père est né.

Voilà qui pose bien les bases du contexte et du message que Blood Orange veut communiquer. De la générosité de l’album deFreetown Sound (17 titres) se dégage une pop soul électro léchée, évidemment matinée de R’n’B, travaillée jusque dans les détails, précise jusqu’à l’obsession. Cette exigence se retrouve dans les collaborations (Augustine, Empress Of sur Best To You, E.V.P., Nelly Furtado sur Hadron Collider, Thank You…), dans le choix d’un rythme dansant spontané (Desiree), et évidemment dans la production (le saxophone sur Love Ya…). Et si Freetown Sound s’essouffle légèrement dans sa dernière partie (Juicy 1-4, Better Than Me sur lequel figure Carly Rae Jepsen) c’est pour mieux nous offrir un joli final en douceur.

On replonge plusieurs fois dans l’album avec plaisir, certain d’y découvrir de nouvelles choses ou de retrouver à chaque fois de bonnes sensations musicales. L’empreinte indélébile d’un artiste polyvalent qui peut tout mettre en oeuvre pour faire passer ses messages en musique. Une réussite.

4.5 / 5