La couleur à l'honneur

Avec “Negro Swan”, Blood Orange joue la carte de la continuité

À chaque fois qu’un disque devient « album de l’année » sur Onlike, son successeur est scruté avec une attention toute particulière. C’est donc le cas avec Negro Swan, qui fait suite à Freetown Sound, album de l’année 2016.

Autant le dire tout de suite : Negro Swan est dans la parfaite continuité de son prédécesseur. La même construction, les mêmes sonorités (ce magnifique saxophone, cette sirène horripilante…) et un discours toujours plus engagé. Moins personnel mais résolument politique, ce quatrième album aborde les conditions de la population noire par le prisme de l’artiste. Les icônes de la négritude, de Césaire à Senghor, auraient sans doute été fières de la modernité du discours, et désolées qu’il soit autant d’actualité.

Personne ne veut être l’intrus parfois, personne ne veut être le cygne noir.
Blood Orange

Musicalement, Negro Swan ce sont 16 titres et de nouveau des featurings prestigieux, même si l’on gardera une préférence pour ceux du disque précédent. Ici, on retrouve notamment Puff Daddy et A$AP Rocky, à côté d’autres noms plus ou moins connus comme (Caroline Polacheck, Georgia Anne Muldrow, Adam Bainbridge, Kelsey Lu, TeiShi, Ian Isiah, Steve Lacy) mais aussi et surtout l’activiste Janet Mock qui assure la narration tout au long de l’album.

Ce qui plaît, et ce qui fait désormais la marque de fabrique de Blood Orange, c’est sa façon de moderniser la soul music. Un son résolument urbain, des rythmes posés, des instruments ‘classiques’ (notamment une basse jamais très loin) et des arrangements contemporains, la recette fonctionne et ne se dément pas : le public et la critique sont présents à chaque rendez-vous.

Il faut de nombreuses écoutes pour faire le tour de la richesse contenue dans Negro Swan. L’album semble même gagner en consistance à mesure qu’on le parcourt, avec des titres situés vers la fin (Runnin’, Out Of Your League) encore plus réussis que ceux du début. Une nouvelle réussite signée Devonté Hynes.

4 / 5