Klaxons – Myths of the Near Future

Après plusieurs mois de hype intense, bien aidé par des médias complaisants à leur égards, les Klaxons furent (presque) en haut de l’affiche, avant même d’avoir sorti le moindre album. Musique détonant au milieu du marasme de guitares découlant de Grande-Bretagne par son étonnant mélange de futurisme et de recettes passées, look fluorescent et bonnes gueules : difficile d’être passé à coté de ce phénomène. Janvier venu, voilà enfin leur première galette de plus de 4 titres disponible à la vente. L’occasion de voir si ces 4 garçons venus du pays des Libertines et d’Elton John ont su/pu étaler un talent entrevu sur autre chose que les 3-4 bombes déjà proposées.

Janvier 2007 : enfin nous pouvons écouter des titres des Klaxons, autres que les désormais incontournables Magick, Golden Skans et surtout Atlantis to Interzone. En regardant la track list, on voit qu’elle est composée – bien sûr des tubes précités – mais aussi des autres titres qui se promenaient dans une version démo sur le net depuis un certain temps, ou bien en face-b des EP déjà sortis. Une certaine déception peut alors apparaître : cet album ne sera pas un nid de nouveaux titres, mais plutôt un enregistrement définitif et enfin correct de morceaux déjà créés, et donc déjà entendus. Les personnes ayant eu la chance de les voir en live auront entendu l’intégralité (2 exceptions cependant) du répertoire des Klaxons.

Un phénomène de plus en plus fréquent depuis l’apparition du p2p et autres systèmes d’échange de fichiers, et plus grossièrement de la présence de l’Internet dans la majorité des foyers. La moindre démo une fois enregistrée, est dès lors partagée par les fans et très vite disponible pour toute personne ayant au moins un doigt sur dix pour allumer un ordinateur et cliquer sur sa souris. Certes, d’une part cela permet de juger au plus tôt les artistes, et surtout d’en découvrir des masses sans que ceux-ci n’aient besoin d’être repérés par des maisons de disque, puis aient sortis un album/EP. Mais d’autre part, cela enlève une part du charme de la découverte de l’album pressé, que l’on se hâte de sortir de son emballage plastique qui enveloppe l’objet aussi bien que les jeans « slims » entourent les gambettes de ces 4 fluo-kids.

Pour en venir au contenu de cet album sinon : le sous-titre de « retour vers le futur » n’a pas pour but de rappeler les aventures du tremblotant Marty McFly et de son ami « Doc » Brown, mais plutôt d’essayer de mettre des mots sur ce qui ressort lors de l’écoute de cet album.

En effet, si les EP proposés depuis quelques mois par ces garçons nous propulsaient plutôt vers un futur fluorescent, clignotant et épileptique, l’écoute des autres titres de l’album, nous renvoie plutôt quelques années en arrière ; avec des rythmes plus lents, un synthé plus calme au son moins saturé plus proche du piano, des chants plus souvent en « double-voix », les Klaxons arrivent à nous illuminer par des titres plus mélodiques, plus « pop » tout simplement, que les furieux Atlantis to Interzone, et Magick.

Ainsi l’on trouve : As Above So Below et sa guitare torturée dont le riff hypnotique et agonisant nous amène à un délicieux refrain entouré de deux électrochocs sonores martelés puissamment ; Isle of Her au gimmick que l’on croirait sorti d’une séance de prière d’une secte, mais au contenu assez vide au regard des autres chansons ; son jumeau Forgotten Works est lui légèrement mieux nourri, mais reste également assez famélique à coté des deux perles que sont It’s Not Over Yet (reprise de Grace) qui sera très certainement un des futurs singles tueurs de semelles du groupe tant son imparable refrain donne envie de pousser la chansonnette malgré la hauteur de voix demandée. Mais c’est surtout l’entrée en matière du disque, le génial Two Receivers – titre servant souvent d’entrée en matière de leurs concerts également – qui donne à travers ces 4 minutes 18 secondes (chanson la plus longue de l’album), une idée de qui sont réellement les Klaxons : ils balaient ici les doutes des personnes voyant peut être en eux qu’une machine à singles technoïdes et éphémères, avec ce titre qui tout en restant dans leur univers coloré, sait nous promener par le bout du nez avec une mélodie imparable des chants mariée à une rythmique puissante et ce synthé âpre encore omniprésent.

Ces « nouveaux » titres ne sont donc pas issus du même moule que leurs rugissants aînés mais la fraternité est cependant indéniable. Ainsi les glorieux « anciens » en question sont également présents sur l’album. Mais comment auraient-ils pu ne pas l’être ? Impossible en effet de se passer de Magick et sa terrible machine à fournir des épileptiques, Golden Skans et Gravity’s Rainbow avec leurs refrains efficaces dans un style tout particulier, une espèce d’electro-pop spatiale, mais surtout ce qui restera longtemps comme LE morceau des Klaxons : Atlantis to Interzone. Ce milk-shake sous acide, cette dégénérescence fluorescente, ce micmac electro-mégalo-screamo-tapageur, ce réacteur surpuissant poussant les corps même les plus inertes à danser/sautes/bouger, cet objet qui ne ressemble à rien d’autre, et qui ne passe jamais inaperçu…

Donc, oui les Klaxons sont parvenu à concrétiser tous les espoirs placés en eux depuis quelques mois. Oui les Klaxons savent bien surfer sur une vague créée sur mesure afin de faire parler d’eux pour autre chose que leur musique. Non ils ne se sont pas contentés de nous donner des ressucées de leurs précédents EP, mais ont préféré mélanger ce futurisme electro-punk à des chansons plus ancrées vers un passé disco-pop. Un joli trait d’union.

On peut se demander une chose : comment arrivent-il à effectuer un si grand écart en rentrant dans des jeans si moulants ?

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