Ce dimanche, veille de jour férié, Les InrocKs ont choisi de faire la part belle aux aux femmes et surtout à certaines des plus belles voix actuelles. MØ, Christine, Aluna et Laura ont toutes ce point commun : leur musique prend une ampleur hors norme à travers leurs voix respectives.
MØ
Pour débuter une soirée bien remplie à la Cigale, les programmateurs du festival ont choisi MØ. Et après avoir vu la performance de la jeune danoise, on comprend beaucoup mieux pourquoi.
MØ sur scène c’est un savoureux mélange entre la folie de Camille, les arrangements de Metronomy, des danses plus vues depuis Anthony Kiedis des Red Hot et une voix hors norme. Une sorte d’ouragan qui remue en jupette la scène et la foule dans un même élan.
On n’y croyait pas vraiment mais ses morceaux Waste of Time ou Never Wanna Know sont repris par quelques spectateurs ce qui échauffe le public avec qui elle vient communier, descendant dans la foule pour sauter et danser encore et encore. 20 000 volts en courant continu. Côté musique, un guitariste et un batteur prennent les rythmes en main tandis qu’un dernier laron joue du synthé et égaye le tout avec un sampler. Rien d’extraordinaire et d’ailleurs on espère revoir MØ au plus vite dans une configuration plus complète qui lui permette de rendre encore mieux compte de la qualité de son EP Bikini Daze et de sa musique tout droit venue du nord.
Christine & the Queens
Alors que la salle se remplit à vue d’œil, le rideau s’ouvre sur Christine et deux danseurs. Rien d’autre. On se dit que ça arrivera plus tard et l’on regarde la nantaise murmurer sur les premières notes de Starshipper. Tout de suite l’on se dit que mélanger l’anglais et le français dans un même texte est un pari risqué mais brillamment relevé. Là encore la voix de Christine prend le dessus et l’on n’entend que de la musique et plus de mots. Entre deux chansons, afin d’évacuer le stress palpable sur son visage, elle lance quelques blagues au public et se prend à être une grande star(lette) dans une imitation pas dénuée de talent.
Jusqu’à la fin du set, toujours pas de musiciens hormis deux ou trois chansons durant lesquelles une jeune fille vient faire sonner des cloches. Pour le reste, un laptop. Oui oui, un ordinateur portable. Comme lorsque vous invitez des amis à la maison, ou qu’une petite fille teste ses chorégraphies devant ses parents.
Nous sommes restés un peu dubitatifs devant ce spectacle. D’un côté un peu pauvre car sans musiciens et si encore les danseurs étaient bien synchronisés dans leurs chorégraphies… Mais en même temps une fraîcheur et un naturel touchant. Christine without the Queens serait plus juste.
Aluna George
Il était 20h40 environ. Et c’était l’heure que beaucoup de gens dans la salle attendait. Le rideau rouge s’ouvre sur un batteur, un bassiste et George Reid derrière son synthétiseur avec son look preppy et son regard de savant fou. Les premières notes et déjà la foule s’agglutine devant la scène. Vêtue d’un imper rouge brillant Aluna Francis entre à son tour et déjà sa voix digne des divas R&B durant les 1990s fout un premier frisson. Puis elle quitte son anorak pour découvrir son ensemble de salle de sport, prête à tout donner durant un peu plus d’une heure.
AlunaGeorge c’est la synthèse de deux amoureux de la musique et de leurs styles respectifs. La synth-pop à l’anglaise pour lui, le R&B pour elle. Pour sûr, si elle n’avait pas pris ce foutu avion, Aaliyah chanterait aujourd’hui comme Aluna Francis sur des instrus juste assez actuelles pour permettre à sa voix de s’émanciper d’un milieu Hip-hop trop souvent fermé sur lui-même. Mais en Angleterre, ce genre de barrières n’existe pas et c’est ainsi que des hybrides jouissifs arrivent dans nos oreilles, et nous font bouger nos popotins comme ce soir. Le set se termine par Attracting Flies et Your Drums, Your Love histoire de laisser un souvenir clair de ce passage. A très bientôt AlunaGeorge.
Laura Mvula
Histoire de calmer le public (oui c’est dimanche, un peu de calme s’il vous plaît) Laura Mvula monte sur scène. Gros changement de style et l’on sent au départ un peu de dissipation dans une partie du public qui était partie pour danser jusque tard dans la soirée. Mais dès lors que Laura laisse s’échapper sa voix, son aura calme tout le monde. Repos et fascination. Une sorte d’hypnose ou bien une méditation jusqu’à la dernière note.
Accompagnée d’un violon, d’un violoncelle, d’une harpe et d’un homme à tout faire (batterie/clavier/xylophone…), Laura Mvula distille sa soul tantôt derrière son piano, tantôt face à la foule perchée sur des talons vertigineux. Mais à chaque fois la chaleur de sa voix et des chœurs qui l’accompagnent fait mouche.
Que ce soit She, Sing to the Moon ou Green Garden, la joyeuse nostalgie de sa musique ensorcelle le public parisien. Tellement prise au jeu, la salle va d’une seule voix chanter le refrain de One Love revisité à la sauce soul.
Un moment magique où force et fragilité se côtoient. Et tout le monde peut rentrer le sourire aux lèvres.
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