Une des grandes théories sur la longévité des séries télévisées veut que la troisième année est l’année de tous les risques. Certains diront que c’est plutôt la deuxième. Peut être. Toujours est il qu’après la découverte (première année) et la possible confirmation (deuxième), la troisième saison est celle où on peut commencer à lancer la série sur de vraies ambitions, prendre des risques et la transformer en succès définitif.
Là n’est pas la place de consulter le dictionnaire des séries pour vérifier tout ça, mais 30 Rock est la série à surveiller côté sitcom, et c’était donc un test grandeur nature que cette troisième saison. Depuis qu’Alex Baldwin remporte tous les prix côté acteur, ça méritait au moins ça. Il le mérite, le bougre. Bref, 30 Rock conte toujours les (més)aventures de Liz Lemon, directrice d’un groupe de scénaristes idiots sur un show télé en direct sur NBC, la vraie chaîne qui diffuse.. 30 Rock (diminutif de l’adresse réel de la chaîne.. quand on peut faire de la critique et de l’humour en même temps). Assez loufoque dans le style, et complètement irréel par certains moments, la série confronte les désordres personnelles de l’héroïne, version moderne de la femme adorant Star Wars et la totale liberté.. désespérement célibataire, et la working girl de la télévision baignant dans un domaine où l’improbable est quotidien.
Et c’est pour ça que la série est attirante. Car on croise toujours des personnages et des situations largement grotesques, avec un point de vue sur la télévision et des remarques acerbes sur la politique américaine assez dévastatrices. Sans compter les guests de renoms à chaque épisode (Al Gore assez phénoménale cette année). Mix parfait entre un Friends de la grande époque pour son côté glamour, et Arrested Development pour le décalage des situations, on adore. Enfin, beaucoup moins cette année tant la série n’a pas su décoller. Si on s’y arrête deux secondes, l’histoire globale n’évolue plus, et fige ses personnages dans leur propre rôle tout en leur faisant vivre des problèmes insoluble. C’est certes comique dans le style, mais totalement répétitif après trois saisons. Liz Lemon est toujours la victime de ses collègues, le black persécuté (ou le croit il?), Baldwin en proie à des angoisses intérieures, etc.. Même sympathique, et avec quelques belles idées, la série s’enfonce dans la banalité de sa propre histoire. Même les remarques sur Bush ou Obama sont largement prévisibles.
On oublie donc les atermoiements de la Liz des deux premières saisons, lancée à la poursuite de son grand amour. Ou même le chemin de Jack, passé en politique à Washington. Retour à la normalité et à la saison 1, sans se rendre compte que depuis tout ce temps on attend de voir les personnages sortir de leur cadre et devenir totalement imprévisibles. Ce qui dans ce cadre là pourrait surprendre et porter l’attention sur ce qu’il se passe. C’était déjà le problème de l’excellente série de la Fox, Arrested Development, qui avait été annulée avant même de s’en rendre compte. 30 Rock n’a pas les audiences les plus parfaites, et devrait prendre un peu de risque pour s’assurer de belles années à venir, avec toutes les qualités qu’on lui connait déjà..
3.5 / 5