Eden

Tout commence dans le noir : une nuit obscure au début des années 90, où résonnent les premiers sons des rave party. A partir de là, la réalisatrice Mia Hansen-Løve (LE PERE DE MES ENFANTS, UN AMOUR DE JEUNESSE) tisse le devenir de la musique électronique à la française, ou french touch, suivant le destin d’un jeune Dj perdu au milieu des sons.

EDEN a pour volonté de raconter l’explosion de la french touch de l’intérieur, la réalisatrice étant fortement aidé par son frère, Sven, effectivement artiste à part entière de ce mouvement. Avec un portrait sur vingt ans, pas de facilité : on bondit d’instants en moments, les ellipses emmenant le récit dans les recoins des grandes vagues des années 90 et 2000. Rempli d’un spleen existentiel en continu, EDEN ne décolle que peu d’une simple envie de suivre un Dj pas des plus talentueux (mais qui trouve sa place sur la durée), assez recentré sur lui-même (la condition de l’artiste ?) et qui finira pas se remettre en question.

Finalement plutôt joli (et puis il y a Greta Gerwig et Golshifteh Farahani en guest), le film EDEN n’est pas ici pour faire exploser le dance floor. C’est une version poétique (dans le fond, dans la forme) et presque déprimée de la french touch que Mia Hansen-Løve offre. Comme si à côté des Daft Punk, duo passant toutes les demi-heures faire un clin d’oeil, presque trop présent dans cette histoire qui n’est pas la leur, il ne fallait avoir que des regrets… Finalement, les Daft pèsent énormément et le héros, n’atteignant pas les mêmes cîmes de succès, se retrouve à jouer à l’artiste maudit. Ce n’est ni maladroit ni détestable, mais c’est sans doute plus une version trop personnelle au coeur d’un mouvement qu’un film global sur la french touch.

2 / 5