Au milieu d’une grosse crise existentielle, le cinéma français nous montre qu’il a de grandes qualités, et toujours un jeune génération dynamique. SUZANNE, GRAND CENTRAL font partis des derniers exemples en date, et donc cette BATAILLE DE SOLFERINO passée par Cannes et qui sortira sur les écrans à la rentrée. Avec son premier long, Justine Triet nous raconte un tourbillon de vie, d’émotions et d’instants uniques. Une nuit pas comme une autre au milieu de la rue de Solférino au moment de la célébration de la victoire socialiste de 2012..
Mais cet évènement, on s’en moque un peu. LA BATAILLE DE SOLFERINO n’est pas un film politique, du moins pas à ce niveau là. Peu importe qui gagne au final : le film raconte un voyage, non une destination. Les héros, couple divorcé avec perte, fracas et enfants, se suivent et se chassent au milieu du maëlstrom politique de ce début mai 2012. Le foule de sympathisants, le babysitter, le voisin et l’effervescence de la nuit les entourent, les enveloppent, les séparent. SOLFERINO devient la plaque tournante de leur opposition. Une mêlée cachée au milieu du public, dans les creux d’un évènement national.
Là où le film réussit, c’est dans sa prise de risque. Tenter de nous faire adhérer à une construction très décousue, alternant moments d’intense émotion ou regards sur ce qui se passe autour. Des aller-retours entre l’intime et la rue, entre la réalité de certaines situations et des acteurs sous pression… Triet réussit magnifiquement son pari, film brouillon et iconoclaste, tourmenté mais riche, audacieux et séducteur. Un film avec une énergie rare, un réalisme cru (quitte à perdre ceux qui pensaient y voir un pamphlet politique). A mille lieux des films qui veulent trop en montrer, LA BATAILLE DE SOLFERINO se révèle être une petite pépite à l’état brut que l’on va continuer à explorer couche par couche, dans ses moindres recoins.
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