La loi du marché

Cannes 2015 / Sélection Officielle / Compétition

CRITIQUE DE MGCINEMA (3.5/5)

Autre film français présent en compétition cannoise, le nouveau film de Stéphane Brizé est un drame social au réalisme percutant. Suivant un chômeur père de famille (Vincent Lindon), LA LOI DU MARCHE est un portrait cinglant de la société française, entre chômage et détresse sociale.

Brizé parvient à rendre le sujet social sensible pour tous grâce à une caméra au premier degré, proche du documentaire. Dans la quête de cet honnête travailleur licencié, seul le but reste : subvenir aux besoins de sa famille à l’instar d’un Walter White (BREAKING BAD). Face aux administrations, à l’irréalisme de certains boulots, il doit faire face et plier l’échine jusqu’au point de rupture, et perte d’une certaine logique.

Film contemporain, réaliste, qui réserve quelques sourires à certains endroits, LA LOI DU MARCHE est une histoire réelle terrible, qui expose bien les failles du système. Un film socialement indispensable pour mesurer la gravité de certaines situations, servi par un Vincent Lindon investit.

CRITIQUE DE TEDDY DEVISME (1.5/5)

Le film se présente comme une docu-fiction. Notamment par le choix d’un chef opérateur n’aillant travaillé que sur des documentaires. Mais surtout par la caméra portée durant tout le film. Stéphane Brizé utilise sa caméra comme un témoin des situations évoquées. Il est facile de ressentir les one shot, et plusieurs plans séquences apparaissent. Les mouvements de caméra sont également très peu nombreux, au profit d’une captation de l’instant. Ce qui pousse le cinéaste à gérer son film par séquences uniques. LA LOI DU MARCHÉ joue sur le même tableau que POLISSE : la narration est bloquée dans des scénettes.

A l’instar du film de Maiwenn, ces scènes indépendantes (dans un montagne parallèle aux cuts un peu trop radicaux et indigents) se focalisent sur le factuel. A croire que le propos du film, et ses points de vue, ne peuvent ressortir que par l’action. Cela cause plusieurs répétitions dans les situations, mais surtout une monotonie dans le ton. Alternant constamment les instants de tension et les instants de bonheur, le film radote toujours la même idée. L’intrigue ne décollera jamais, et aucune contre-proposition n’est avancée (jusqu’au plan final). Même si les actions écrites sont toutes véridiques, le réalisme ne fait pas un film. Leur traitement manque cruellement de profondeur. Et ces scènes/séquences sont même parfois trop longues (celle du mobile-home, par exemple). Le passage du protagoniste de victime à bourreau n’est que dans la suggestion.

Chaque scénette est une démonstration voilée d’un réalisme social. Le texte du scénario n’arrange rien, puisque la plupart des scènes se basent sur la parole. Seulement trois scènes sortent du lot (la première au pôle emploi, la première scène à la banque, et la danse familiale dans le salon) car elles ne sont pas brutales. Le film livre tout le temps ses événements trop rapidement, sans jamais laisser le temps de savourer l’environnement. Même quand Vincent Lindon inspecte les caisses, il ne fait pas les cent pas, il tourne en rond sur une poignée de pas. Et quand il surveille les clients et ses collègues à l’écran, ce n’est pas Vincent Lindon qui nous est montré : ce sont ces personnes scrutées. La mise en scène est transparente, marquée par l’absence de mouvement. Il reste tout de même l’agressivité du propos, qui porte un agréable coup-de-poing sur le système français, et un Vincent Lindon au top.

2.5 / 5
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