Voir Patrice Leconte changé de registre après une carrière déjà bien remplie, on ne peut qu’apprécier. Le monsieur a livré quelques beaux moments de cinéma (si, si LES BRONZES on aime beaucoup), et ne s’était pas mis en danger depuis longtemps. Mais fortement coupable d’une jolie envie (un film d’animation à l’humeur obscure), le voilà se prenant les pieds dans le tapis : et si le cinéma français souffrait toujours du même défaut ; un manque de scénario?
LE MAGASIN DES SUICIDES n’est pas une déception en soi. Long métrage animé à l’ambiance sympathique (hormis la volonté de ses personnages d’en finir une bonne fois…), le film soigne ses effets et l’ensemble est relativement bien maîtrisé. Techniquement, rien à redire, le style est charmeur et le rythme bien entretenu. A l’inverse, on se pose rapidement des questions sur le fond. Si notre famille d’entrepreneur pré-pompes funèbres joue à la famille Adams des beaux jours, humeur souriante et vendeurs professionnels, le tout sonne un peu creux face à des clients moroses (normal, direz-vous…), dans une atmosphère de comédie musicale à bas mots où les textes sont relativement fades. Grand écart total entre ambiance cynique et textes pour enfants, ce MAGASIN DES SUICIDES ne parvient pas à recoller les morceau, et hésite jusqu’à la fin sur le ton à assumer.
Rien de grave me direz vous, et pourtant à l’heure où un Tim Burton se prend les pieds dans le tapis et où la concurrence est réduite il y avait clairement quelque chose à faire. Mais cédant sans doute au diktat de l’audience, Leconte en montre trop peu. Il y avait là de quoi montrer ce que savait faire l’animation à la française (même coproduite avec d’autres pays francophones). On a la forme, pas le fond. Dommage.
1.5 / 5