Avec Le otto montagne, le réalisateur d'Alabama Monroe s'oublie un peu

Best seller en librairie le roman « Le otto montagne », de l’écrivain italien Paolo Cognetti, est ici adapté par Charlotte Vandermeersch (actrice belge dont c’est la première réalisation) et Felix Van Groeningen (LA MERDITUDE DES CHOSES, ALABAMA MONROE…). Une odyssée montagnarde entre deux amis qui présentent sans aucun doute la beauté des paysages des Alpes italiennes à défaut d’incarner suffisamment son récit.

Pietro, garçon de la ville, croise Bruno, garçon de la montagne, un été au-dessus de Turin. Une amitié ponctuelle s’installe entre eux, entre celui qui subit la civilisation sans trop savoir quoi en faire et celui qui est libre dans ses pâturages. On pourrait croire au début d’une histoire d’amour, virile ou non. On pourrait croire à un clash des civilisations, des émotions, des histoires. Mais non.

LE OTTO MONTAGNE, présenté en Compétition officielle du 75e festival de Cannes, n’est pas ou peu une histoire d’amour, mais une rencontre joliment dessinée. Aidé par le cadre (la montagne, les cieux, les cîmes..), le film pourrait nous faire décoller autour des saisons, des temporalités, des sentiments. Mais à trop vouloir observer, fruit d’un respect dans l’adaptation (?), aucune transgression ne s’opère dans un récit sur des rails. Au contraire, on a l’impression d’assister à un lent déroulé sans surprise d’une histoire où les personnages sont prisonniers de leur propre condition.

Les choix artistiques qui en découlent sont la marque de son co-auteur. D’une musique folk anglo-saxonne qui semble hors propos, ou un cadre plus resserré qui coupe les montagnes, on se demande si Felix Van Groeningen n’a pas voulu recopier la formule de ses précédents long-métrages européens avec moins d’envie. Le résultat est un peu terne, et les choix d’adaptation trop attendus pour vraiment étonner. Ennui poli.

Avec des échos à l’actualité (fuir les villes pour les champs ?), LE OTTO MONTAGNE aurait pu être un playdoyer pour la liberté. A voir ses personnages se retourner sur eux-mêmes, à enchaîner les séquences attendues, on ne peut que se rattraper sur le décor pour profiter un peu du moment. Un sentiment de paresse transparaît, d’inutilité par moment, format carré du film qui n’explore pas toute sa dimension : le hipster avant l’heure n’a pas beaucoup d’incarnation.

1.5 / 5