C’est un récit inattaquable que celui des survivants d’attentats. Alice Winocour revient sur la tragédie de 2015 avec en bagage le regard de son frère, survivant du Bataclan. La réalisatrice de PROXIMA ou MARYLAND tisse un récit de fantômes erratiques, de souvenirs morcelés autour d’une Virginie Effira déboussolée.
Dans REVOIR PARIS, une victime d’attentat tente de se reconstruire, entre une mémoire parcelée, le traumatisme psychologique et physique issu des faits, et la vie qui continue. Finalement de Paris, nous ne saurons pas réellement à quoi ressemble la ville autour : Winocour filme son héroïne au plus près, explorant différentes pistes narratives dans cette lente démarche de retour à la vie (si c’est possible).
Et c’est peut-être le point faible du film ; trop vouloir habiller (ou habiter) le récit, s’aventurer sur la connexion romantique à reconstruire, raccorder maladroitement des envies sociales (autour des sans-papiers), flirter avec l’atmosphère sans s’y perdre réellement. REVOIR PARIS est en cela un récit très linéaire, moins romanesque qu’un AMANDA (Mikhaël Hers, 2018) qui abordait le même sujet.
Avec REVOIR PARIS, c’est une histoire de convalescence qui nous est présentée, certes pertinente mais en surface (là où la saison 1 d’En Thérapie, sur un dispositif minimaliste, captait l’attention). Virginie Effira, comme toujours, est fascinante. Mais c’est réellement Benoît Magimel qui occupe l’écran, victime physique, corps dévoilé.
Pourtant il y a de très belles choses dans REVOIR PARIS. Les fantômes qui passent, les illusions perdues, l’impossibilité de reconnecter au présent… Alice Winocour illustre tout cela, sans vouloir faire partir le récit au-delà d’une simple chronique sociale vers quelque chose de plus fantastique, insoupçonnable.
2 / 5