Metro Manila

En 2006, Sean Ellis, photographe de mode puis cinéaste, avait étonné avec Cashback, chronique quasi autobiographique et hyper stylisée, un film que j’affectionne tout particulièrement. Il enchaînait avec The Broken, film d’horreur familial, toujours aussi esthétique, mais creux et parfois glacial. Il revient enfin avec un film qui surprend : Metro Manila, dont l’action se situe à Manille.

Oscar et sa famille n’ont plu rien pour poursuivre leur vie dans leur paisible campagne du nord des Philippines. Ils partent alors pour la capitale, Manille, et espèrent trouver travail, logement, nourriture, soin… Mais cette ville est parfois bien plus rude que la jungle.

Prix du public au dernier Festival de Sundance, le film commence comme un drame social, se prolonge en thriller à la Training Day (film dont s’est même inspiré le réalisateur pour les scènes en véhicule) et se termine en film d’amour.

L’élément le plus touchant à mon avis est le choc des cultures auquel on assiste, le fermier qui découvre la vie urbaine et côtoie des gens tellement différents de lui, infidèles, aisés, malhonnêtes… L’acteur principal, également producteur du film, Jake Macapagal, interprète avec brio ce passage de la naïveté à la prise de conscience. Cette désillusion ne fait pas le même cheminement chez le personnage féminin, Maï, elle donne l’impression d’avoir très vite saisi l’hostilité de la ville. Son visage hypnotique et sublime renvoie au spectateur une somme de regrets saisissante.

Le scénario nous plonge assez vite dans Manille, comme un personnage secondaire et hostile. Il progresse lentement mais laisse le temps de capter l’essence de la ville. Le final, surprenant, conclut parfaitement cette lente descente aux enfers, ponctuée de quelques moments de soulagement. Les images, moins esthétisantes que pour ces précédents films, restent très travaillées et belles.

Sean Ellis nous offre un film très différent de ce dont on avait l’habitude. Il convainc avec des personnages attachants et une aventure étonnante, il nous touche mais ne réussit pas le tour de force d’avec Cashback, l’émerveillement n’est pas au rendez-vous.

3.5 / 5