Steven Spielberg a deux passions : la guerre et les extra-terrestres. Parfois il sépare bien les choses en faisant des films uniquement sur la guerre (L’Empire du Soleil, Il faut sauver le soldat Ryan, La liste de Schindler, la série Band of Brothers…) ou uniquement sur les extra-terrestres (E.T., Rencontre du Troisième Type, la série Taken…), parfois il mélange les deux (La Guerre des Mondes). Et pour Munich ? Il serait osé de qualifier le conflit israelo-palestinien d’“extra-terrestre”, alors rangeons le film dans l’autre catégorie.
Bien qu’au départ il s’agit d’une histoire de vengeance : celle de la prise d’otages des athlètes israeliens par des Palestiniens lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Bilan : des morts dans les deux camps (tous les otages y passent tandis que quelques ravisseurs survivent). Une opération secrète israelienne est donc montée pour se venger, et c’est Avner (le très bon Eric Bana) qui va diriger un petit groupe de personnes dont le nouveau James Bond (Daniel Graig, qui joue Steve), Mathieu Kassovitz ou encore l’excellent Ciarán Hinds (interprétant ici Carl mais surtout qui joue César dans la grandiose série Rome).
Avec Munich, on voyage : Munich (bien sûr), Paris, Londres, Athènes, Rome, Berlin, Beyrouth, New-York… ça dépayse. D’autant plus que l’action se déroule dans les années 1970 et que le travail pour rendre fidèlement l’époque est très réussi quelque soit le lieu. Mais personne n’oublie la mission du groupe, bien au contraire. Et pour ne pas gâcher le film (qui dure plus de 2h30, donc il y a de l’action), disons que tout n’est pas aussi simple que prévu, évidemment.
Alors une petite polémique a été soulevée au moment de la sortie du film, pour savoir si oui ou non il reste impartial. Il est évident que l’on suit principalement le déroulement des opérations au travers du groupe des Israeliens, il est évident également que l’élément déclencheur est cette prise d’otages pendant les JO (élément déclencheur du film, précisons). Si la volonté de Spielberg n’est pas de prendre parti, ce qui est certain c’est que trouver de la partialité dans le film relève forcément d’une certaine partialité du spectateur sur la question isrealo-palestinienne, car Munich s’attache au final à montrer l’absurdité des deux camps, prisonniers de leur propre conflit où, comme l’hydre de la mythologie, dès que l’on coupe une tête, plusieurs en repoussent. Une histoire sans fin que l’Histoire confirme, prouvant en définitive que peu importe le dessein de Spielberg, son film ne pourra jamais susciter plus de reproches que la réalité en Israel et Palestine.
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