On peut aller voir un film à reculons. Et en sortir… à reculons également. Dans la surenchère de longueur qui a envahit les films ces dernières années, Christopher Nolan n’est pas à la traîne : Tenet et ses 2h30, Interstellar et ses 2h48, Inception et ses 2h28… seul Dunkerque et sa modeste 1h46 au compteur fait figure d’exception.
Alors quand Oppenheimer débarque en annonçant trois rondes heures à l’écran… il y avait de quoi hésiter. Mais le grand spectacle prend place, assez vite, pour ne plus nous lâcher. Nolan a su tout gérer avec cet opus : les allers-retours temporels ? digestes. Les grandes envolées lyriques des personnages ? on suit. Non rien, vraiment, n’incite à regarder sa montre, à bailler, à sortir faire une pause toilettes (au grand désespoir des vessies les plus petites sans doute).
Rien non plus, ne vient entacher un jeu d’acteur de haute volée. À commencer bien évidemment par l’impeccable Cillian Murphy, puis Matt Damon qui excelle en pince-sans-rire, Robert Downey Jr. qui livre l’un de ses rôles (sérieux) les plus marquants, ou Emily Blunt en fausse contenance des plus remarquables. Allez, peut-être que Josh Hartnett est un tout petit cran en-dessous de son niveau.
Oppenheimer n’est pas qu’un biopic. Film d’espionnage, film scientifique, film politique voire même film d’action, il met de la tension là où l’on ne l’attend pas, et de la retenue là où l’on se dit qu’elle est inévitable (pensez-vous : des explosions de bombes atomiques, ça doit forcément faire du boucan).
Trois heures qui secouent, qui font réfléchir, qui font stresser, qui captivent… avec un peu moins de pointes d’humour que dans ses précédents films (exception encore du plutôt sérieux Dunkerque), Christopher Nolan ne laisse à personne d’autre actuellement la médaille de maître du grand spectacle. On en redemande, et on en sort… à reculons.
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