Pan

Situé dans l’univers merveilleux créé par JM Barrie, PAN nous arrive comme le segment zéro des aventures du jeune Peter, Wendy, la fée Clochette et autres enfants perdus. Un monde riche confié à Joe Wright, réalisateur salué pour l’excellence de ses mises en scène, et qui devait coller à cette préquelle où nous découvririons l’arrivée au Pays Imaginaire du jeune Peter, et sa rencontre avec le capitaine Crochet, entre autres.

Et PAN de succomber au charme d’Hollywood. Dans le lot des films remodelés aux effets numériques, Wright n’a pas lésiné sur la couche virtuelle. Personnages recréés pour les cascades, surabondance de fonds verts (souvent visibles), espace de jeu artificiel, on se retrouve devant un grand spectacle aux idées nombreuses mais à la neutralité absolue. Entre une palette graphique explosée (forêt violette, ciel rose, etc…), et une intention artistique très chargée (costumes bariolés, maquillages lourds), Joe Wright en fait des tonnes pour un résultat sans vie où les personnages gesticulent sans trop savoir où aller.

Au milieu de cette grande reconstruction de post-production, les acteurs semblent en effet perdus. Sans doute un peu seuls devant leur fond vert, ils tentent le numéro chanté (une autre idée vite abandonnée) et les discussions improbables. Le duo Rooney Mara et Garrett Hedlund, censés incarner la romance de l’histoire, sont rapidement insupportables. Sans prendre la peine de présenter réellement les choses, Wright enfonce son récit dans un couloir d’effets sans faire respirer son film. Le final nous donne l’impression que tout se dirige automatiquement vers une suite grossièrement annoncée (mais vu les résultats du film, ce serait étonnante qu’elle soit commandée), alors qu’on la connaît déjà.

Pour le coup, on pense beaucoup à la saga de Régis Loisel en bande dessinée, sur la même idée, qui décrivait une réalité plus sombre de la jeunesse de Peter. On décroche rapidement de la vision de Joe Wright, qui aurait plus collé à un spectacle made in Broadway. A trop pousser la volonté de jouer avec les effets spéciaux, PAN se prend les pieds dans le tapis et sacrifie ses rares bonnes idées (surtout les micro séquences de flashbacks) sur l’autel de la production de studio destinée au grand public.

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