La réussite au cinéma, ça n’est pas qu’une question de longueur. On peut faire bien en peu de temps, et certains l’ont très bien compris. Au PIFFF, les organisateurs laissent le temps au court métrage en deux sélections, française et internationale. Commençons par les locaux.
Pandémie, de Mathieu Naert
Transformer un problème social en symptôme étrange (une corne en bois qui vous pousse dans le dos, arborant un panneau avec votre statut social) n’est pas chose aisé, et pourtant le pitch est assez absurde pour fonctionner. Dommage que la réalisation et le montage soient trop aléatoires pour garder une ligne directrice claire.
Rose or the Mute Liars, de Gregory Monro
Sur le mode d’un conte qui tournerait mal, Rose… nous explique face caméra son histoire, et ne sert en réalité que de court préambule à une histoire bien plus longue. On reste en attente sur toute la durée, et si les intentions sont bonnes (bien que beaucoup de choses soient montrées sans être explorer) le format ne peut convaincre.
Dieu Reconnaitra les Siens, de Cédric Le Men
Cela pourrait ressembler à un film tourné entre potes (lieu unique et indéfinissable, huis clos), mais il y a un peu plus de travail derrière ce court métrage. Voir des zombies « sociables » contre des humains exterminateurs, là aussi postulat séduisant (et sans concession) pour un exercice de forme qui reste dans les limites du court.
Je ne suis pas Samuel Krohm, de Sébastien Chantal
Odyssée campagnarde en hommage à Lovecraft, ce Samuel Krohm joue avec les codes de plusieurs genres : individus belliqueux, secte, amnésie du héros… On pousse l’ensemble vers une fin sans issue, et voilà une belle ambition récompensée (mais qui aurait sans doute méritée plus, en offrant moins d’idées pour se focaliser sur les importantes).
Jiminy, de Arthur Môlard
Véritable nouvelle de science fiction, Jiminy fait de l’anticipation absurde, mais parvient à soulever pas mal de questions sur l’automatisme et la technologie. Et puis un film avec Denis Lavant et une perceuse, forcément, on en veut.
Mecs Meufs, de Liam Engle
Seule comédie de la sélection, et quel film! En 14 minutes, Liam Engle sort un court rythmé et drôle (réellement), à la croisée des facéties d’un Kevin Smith et des comédies américaines à l’ancienne, avec l’autodérision et la férocité nécessaire pour parler de la guerre des sexes. Peut être un avenir pour la comédie en France ?
On/Off, Thierry Lorenzi
Véritable OFNI (Objet Filmique Non Identifié), le film de Lorenzi prend tous les risques en plaçant son récit dans l’espace autour de deux cosmonautes isolés. Rappelant forcément le GRAVITY sorti récemment, ON/OFF est pourtant antérieur au film de Cuaron, et l’histoire est largement différente. Une belle parenthèse de science fiction là aussi, qui prouve qu’on peut avoir de grandes ambitions et les tenir jusqu’au bout.
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