Room 514

Sélectionné lors du dernier festival de Cannes dans la sélection de l’ACID et mention spéciale au Festival de Tribeca, Room 514 est le premier film d’un acteur et scénariste israélien. Tourné en seulement 4 jours, il est également inspiré de faits réels et nous présente l’un des sujets les plus passionnants du cinéma israélien, la jeunesse israélienne dans l’univers militaire.

Anna va terminer son service militaire dans quelques semaines. Elle est en charge d’une dernière enquête : des familles palestiniennes portent des accusations de violence gratuite contre des soldats. Alors qu’on lui conseille de laisser tomber l’affaire, elle s’y accroche quitte à bouleverser plus que ce qu’elle n’imagine.

Cette salle 514 est le lieu principal de l’action, salle d’interrogatoire mais aussi métaphore de la société israélienne, prisonnière d’un conflit dont l’issue est parfaitement inconnue. Cette salle est comme une cocotte minute, une bombe à retardement, comme la vie en Israël.

Le personnage principal est une femme, elle évolue dans un univers très masculins. La sexualité est au cœur de nombreux face à face. Les interrogatoires sont plein de sous-entendus. Avec une certaine séduction, Anna réussit à s’imposer en tant que femme dans un monde d’hommes, en tant qu’émigrée d’origine russe au milieu de natifs israéliens, en tant que jeune officier face à des militaires plus gradés qu’elle. Elle est seule contre tous.

Les mouvements de caméras et les changements de points de vue nous racontent l’évolution des rapports de force entre les protagonistes. Le réalisateur préfère au champ/contre-champ l’utilisation de plans-séquences et donc l’existence d’un hors champ, l’existence de l’action en dehors de la pièce. En plus de la signification de ce choix, l’impact sur le rythme est intéressant. La tension grandit sous nos yeux. Le film est emprunt d’un réalisme surprenant.

Le noir et blanc est utilisé aussi bien comme sujet de discussion dans les dialogues pour se rappeler des vieux films, où l’on pouvait facilement identifier les méchants des gentils, que dans les images comme des pauses après l’action, des moments de doutes où Anna se retrouve enfin seule avec sa conscience, encore plus déterminée dans sa quête. Comme si elle seule pouvait faire la distinction entre les méchants et les gentils.

La richesse de la mise en scène, la force des acteurs, le contexte du conflit israélo-palestinien et le sujet de la justice devant un abus de pouvoir font de Room 514 un film intense, complexe et passionnant.

3.5 / 5
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