Sky, la sursaut de vie de Diane Kruger sur les routes américaines

Réalisé par Fabienne Berthaud.
Écrit par Fabienne Berthaud, Pascal Arnold.
Avec Diane Kruger, Norman Reedus, Gilles Lellouche, Q’orianka Kilcher, Lena Dunham, Joshua Jackson.
France
105 minutes
Sortie le 6 Avril 2016.

En vacances avec son mari dans l’Ouest américain, Romy décide de mettre fin à cette relation toxique et de reprendre sa vie en main. De Las Vegas aux plaines du Nevada, la route sera jalonnée de rencontres improbables, intenses et toutes porteuses d’un nouvel espoir… Il s’agit de la troisième collaboration entre la réalisatrice Fabienne Berthaud et la célèbre et magnifique Diane Kruger, en autant de films réalisés par Berthaud. Encore une fois, elle filme Diane Kruger dans une exploration de soi, dans une quête intérieure. Cette fois, il n’y aura pas l’élan qu’apporte Ludivine Sagnier dans PIEDS NUS SUR LES LIMACES, mais c’est le voyage sur les routes qui apportera les rencontres.

SKY noue également avec l’idée du féminisme. Comme le dit si bien le pitch, la protagoniste est dans une situation qui lui absorbe toute passion et toute liberté. Enfermée dans le devoir conjugal, à suivre son mari dans ses volontés, la cinéaste tend à la libérer de ce qui la pèse au quotidien. Plus le film avance, plus la protagoniste progresse dans sa quête personnelle. Au visage inexpressif et au regard vide des premières séquences, suivra une attitude qui se laisser aller, pour finir dans un statut plus stable mais plus spontané et vivant. Ce qui lui a manqué, c’est ce grand air qu’elle peut respirer dans ce désert qu’elle va découvrir.

Ainsi, dès que Diane Kruger arrive dans de nouveaux espaces, il y a une forme d’espoir qui se présente. En tant que film porté sur le féminisme, la caméra est complice de la protagoniste, l’accompagnant partout dans son errance, dans ses moindres comportements. La caméra ne remet jamais en cause ses attitudes, exprimant davantage une tendresse envers le personnage. En visitant plusieurs lieux différents, l’errance devient la quête ultime dont la protagoniste avait besoin. C’est dans cette errance que toute l’énergie du film ressort, et non dans la stabilité.

Parce que c’est une satisfaction de la liberté qui apparaît, alors toute cette énergie est justifiée par la découverte de nouveaux horizons (aussi bien des paysages que des opportunités professionnelles et amicales). Dans PIEDS NUS SUR LES LIMACES, l’initiation du personnage de Diane Kruger trouve sa source auprès des autres personnages. Ici, l’initiation est individuelle et plus spontanée. Prête à accepter n’importe quel boulot, la protagoniste sent que le vent peut enfin tourner en sa faveur. Se débarrasser des remords du passé, pour se concentrer sur la liberté et sur ses propres désirs. L’initiation c’est ça : le fantasme d’un accomplissement de liberté.

Le long-métrage joue alors sur deux points de vue : la passion de la protagoniste envers ses nouveaux amis / amours, puis sa conviction envers son initiation spontanée. C’est sa spontanéité qui va amener des rencontres inattendues, sources de ses futures passions. Il ne s’agit pas de Grandes Espérances, mais bien de Brève Rencontres qui ne finissent jamais. Tel un retour perpétuel vers la passion d’un moment que l’on chérit. C’est ce qui permet d’obtenir une conviction envers les choix effectués. La fuite du passé, l’échappée envers les responsabilités, apprécier le moment instantané et comprendre que la liberté tient à s’affirmer.

Cette errance passe alors par plusieurs ambiances : Fabienne Berthaud a le mérite de ne pas prendre la parti de la pitié envers sa protagoniste. Elle se range plutôt du côté de l’émerveillement, là où PIEDS NUS SUR LES LIMACES avait raison d’être dans les rangs de la mélancolie joyeuse. Comme si le personnage de Diane Kruger dans PIEDS NUS SUR LES LIMACES revenait dans SKY pour explorer une nouvelle manière de combler un manque. Et cette quête / errance explore des ambiances diverses et complémentaires. Il y a la folie de Las Vegas, la frénésie de la fuite, la tranquillité du ménage, etc… SKY est comme un petit oiseau migrateur : il se lasse d’une situation, et parcourt un long trajet aux temporalités courtes, avant de s’installer définitivement ailleurs dans le calme et la conviction.

3.5 / 5
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