Étonnant Michel. Non content de tromper son monde avec un GREEN HORNET loin de son cahier des charges habituels (mais pas totalement raté au regard des standards hollywoodiens actuels), le voilà faisant dans la fable sociale au fond de la banlieue américaine, sorte de semi-reportage où réalité et fiction se confondent pour un résultat inattendu. Quoiqu’il arrive, Gondry reste lui-même, et ne peut s’empêcher de sortir des artifices cachés de ses manches. Que ce soit à l’image ou dans la construction de son scénario..
THE WE AND THE I n’en est pas pour autant un film conventionnel. En forme de road trip citadin, de huis clos scolaire, le film suit quelques lycéens en dernière journée de l’année, goûtant aux premières heures de liberté de l’été. Un retour à la maison pas comme les autres, mais encore totalement attaché au quotidien de l’année, dicté par les adolescents eux-mêmes, maîtres de leur destin et encore innocents du monde extérieur. Un voyage en forme de bulle en forme de bus scolaire conduit par une mama américaine, singé seulement par le générique du film, où le bus est télécommandé, chaîne hifi sur roulettes qui finit sous les rues du vrai engin… Gondry s’amuse, n’oublie pas quelques effets de mise en scène, mixe éléments du réel et fiction totale pour tisser quelques portraits d’une jeunesse américaine dans son élément, sa vie. Une façon de faire qui triche un peu, pas trop, et donne l’occasion à une dizaine de jeunes (aspirants acteurs?) de s’exprimer sur grand écran.
Au final THE WE AND THE I est une excellente surprise. Un film sur le vif, presque spontané, mais totalement maîtrisé de bout en bout. Une variation pas si étonnante de la part de Gondry, qui pointe sa caméra vers de nouveaux horizons. Quitte à ce qu’il s’agisse d’un bus du Bronx…
3.5 / 5