Présenté au dernier Festival de Venise, Wadjda n’est pas un film ordinaire, c’est un film saoudien, tourné à l’intérieur même du royaume où très peu de films sont réalisés et où il n’y a pas de salle de cinéma. Il est réalisé par une femme, Haifaa Al Mansour, et raconte une histoire de femmes alors qu’elles sont en retrait dans ce pays.
En Arabie saoudite, Wadjda, une jeune fille de 12 ans, croise Abdallah, un garçon de son âge qui la taquine à vélo. Elle décide de ne pas se laisser faire. Elle voit un vélo dans une boutique de la ville et va tout faire pour pouvoir se l’offrir et montrer à Abdallah qu’elle est plus forte que lui.
Dès la première scène, on sait que Wadjda est une rebelle, chaussée de Converse alors que toutes les petites filles de son école portent des ballerines noires vernis très strictes. Sa rencontre avec Abdallah nous confirme les traits de son caractère bien trempé. Elle est maline, vive et audacieuse, trois qualités qui n’en sont pas dans ce pays où l’on lui apprend à être discrète, obéissante, pieuse.
Les scènes avec Abdallah sont une belle surprise. On assiste, malgré l’âge des enfants, au jeu de séduction qui s’établit entre eux. Il fait le beau, elle fait la fière. L’actrice qui campe Wadjda est formidable de spontanéité. Sa façon de rire est craquante.
On découvre aussi un pays qui ne nous est pas souvent présenté. Les femmes, dans l’ombre, y sont vêtues de noir, les hommes de blanc comme séparé par la lumière.
Beaucoup de joie, de poésie et rage restent en sortant de ce film. On repense au lieu de notre propre naissance, et on savoure ce détail qui fait toute la différence.
4 / 5