À Malestroit, au moment de se coucher, le soleil braque ses rayons directement vers les stands de restauration installés sur le terrain du festival Au Pont du Rock. Et qu’il s’agisse du stand japonais ou de celui de la tartiflette, les personnels avouent attendre avec impatience que l’astre disparaisse derrière les arbres. Les festivaliers venus chercher de quoi se restaurer n’ont pas ce problème : ils iront manger plus loin, et surtout : ils sont chauds.
Car ce n’est pas parce que le soleil disparaît que la température baisse au festival Au Pont du Rock, bien au contraire : cela coïncide souvent avec l’arrivée sur scène des têtes d’affiche. Pendant trois jours (et nuits) se succèdent sur les deux scènes une sélection aussi variée que recherchée. Avouons-le : c’est même surtout la nuit tombée que les grands moments se sont produits.
Pourtant, dès le premier jour, assister à un concert du soulman d’Atlanta Curtis Harding en pleine lumière puis enchaîner avec les belges de Balthazar avait de quoi fasciner. Le lendemain, la chaleur montait d’un cran avec un autre enchaînement de poids : Lofofora – The Limiñanas – IAM. Quant à la dernière soirée du dimanche, elle proposait — de manière un peu plus hétérogène — de (re)découvrir Magenta (formation précédemment connue sous le nom de Fauve) juste avant de retrouver Eddy de Pretto (de retour sur le festival après un premier passage en 2019) et de clôturer en beauté avec Synapson.
Mais n’allez pas croire que la programmation est la seule raison de la présence du public au festival, loin de là : un bon nombre de personnes croisées avouaient être là surtout pour l’ambiance, la proximité. Certaines faisaient leur premier déplacement Au Pont du Rock (comme l’auteur de ces lignes) après avoir entendu parler du festival les années précédentes.
Impression positive…
L’impression générale ? Celle d’un grand retour, de retrouvailles généreuses entre le festival et son public. Un public d’habitués (il s’agissait de la 32e édition, certains festivaliers étaient déjà présents aux débuts, l’événement faisant parfois partie de leur enfance) mais aussi de vacanciers. Des étudiants, des familles venues passer l’été en Bretagne et qui ont sauté sur l’occasion (parfois au dernier moment) d’assister à un grand festival local. Grand par sa programmation exigeante, grand également par son état d’esprit assez unique qui semble perdurer depuis des décennies (il s’agit du plus ancien festival rock associatif indépendant de l’été en Bretagne).
… Mais déception globale
Trois mois après, au moment de l’assemblée générale de l’association, cette édition 2022 dresse un bilan décevant. Contrairement aux chiffres annoncés peu après la fin du festival (18 000 festivaliers en trois jours sur un objectif de 20 000 raté de peu) la fréquentation est bien moindre : 15 000 festivaliers (4200 le vendredi, 6700 le samedi et 4100 le dimanche). Il manque donc 3000 personnes pour atteindre l’équilibre financier.
En outre de nouveaux obstacles post-pandémie restent à surmonter concernant les coûts de l’organisation. L’organisation souhaite revenir à une programmation sur 2 jours, et peut-être aussi une programmation de retour aux sources du rock. En effet, parmi les critiques reçues de la part des festivaliers, la programmation 2022 plus électro et rap qu’habituellement, a pu freiner les réservations de la part des personnes qui venaient régulièrement. Il faudra encore se réinventer pour les prochaines éditions. Comme tous les grands festivals.