La Vie secrète des arbres : en BD aussi, c’est réussi

L'adaptation du best-seller de Peter Wohlleben se décline bien en bande dessinée avec les magnifiques planches illustrées par Benjamin Flao.

Un best-seller adapté en bande dessinée ? Tiens tiens, évidemment ça sent le filon. Mais pour une fois mettons le sarcasme de côté avec La Vie secrète des arbres de Peter Wohlleben, adaptation de son livre éponyme, vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde. Il offre une plongée fascinante dans l’univers véritablement méconnu de la végétation (et des champignons, et de animaux) avec une approche novatrice et un style narratif personnel.

Un regard inédit sur la forêt

Peter Wohlleben, forestier allemand de formation, s’est appuyé sur son expérience de terrain et sur des recherches scientifiques pour dévoiler les mystères de la vie forestière. Avant lui, peu d’auteurs avaient osé présenter les arbres comme des êtres sensibles, capables de communiquer et d’interagir avec leur environnement.

Cette approche anthropomorphique — Wohlleben n’hésite pas à prêter aux arbres des émotions, des pensées et des intentions — n’a d’ailleurs pas été sans susciter des débats au sein de la communauté scientifique. Mais elle a eu pour effet de rendre le sujet plus accessible et captivant pour le grand public.

Et c’est justement là que la magie opère en bande dessinée, avec les magnifiques planches illustrées par Benjamin Flao, représentant de manière claire et esthétique des processus parfois complexes décrits par Wohlleben. Parmi les enseignements qui ont été les plus commentés, on retrouve par exemple la communication entre les arbres via un réseau souterrain de champignons, surnommé le « Wood Wide Web ». L’auteur explique également comment les arbres « parents » prennent soin de leurs « enfants », en leur fournissant des nutriments et en les protégeant des dangers.

C’est aussi un plaidoyer pour une gestion forestière durable

Au-delà de la simple description, Wohlleben livre un véritable plaidoyer pour une gestion forestière plus respectueuse de l’écosystème. À travers sa propre expérience professionnelle il critique les méthodes d’exploitation intensive (auxquelles il avoue avoir contribué) et plaide pour une approche plus naturelle, permettant aux arbres de croître lentement et de vieillir dignement.

Son ton reste bienveillant, il est surtout pédagogique, parfois même poétique. Wohlleben réussit à transmettre une passion authentique et un émerveillement naïf face à la complexité du monde forestier qu’il a découvert toute sa vie.

Comme avec le livre originel — et bien avant les dérives qui ont voulu exploiter le filon littéraire avec des déclinaisons loin d’être du même niveau — on en ressort avec une compréhension nouvelle et éclairée du monde végétal. Sans oublier la petite remarque qui fait réfléchir : pour faire un livre, ou une bande dessinée, il faut abattre des arbres…