C’est un style, c’est une voix, c’est une ambiance, un univers. On pourrait vouloir classer Agnes Obel dans un registre que l’on en reviendrait toujours au même constat, finalement : le registre, c’est Agnes Obel toute seule.
En trois albums, la Danoise a su faire bien plus que s’imposer. D’une base piano-voix-violon-violoncelle dont on sait que la lassitude peut vite survenir, Agnes Obel a évolué vers sa propre marque. À mesure qu’elle distillait ses arrangements de plus en plus modernes, elle faisait grandir son public avec elle. Et à bientôt 40 ans, pour son quatrième album Myopia, l’artiste revient au bon moment : ni trop tôt, ni trop tard.
Ni trop tôt, car Myopia est dans la digne lignée du précédent album Citizen of Glass paru en 2016. Et à ce titre les compositions reprennent cette même structure de départ dont on sait qu’elle peut parfois donner l’impression de manquer de renouvèlement si l’on en abuse (il suffit de faire le test d’écouter les trois premiers albums en continu pour comprendre).
Ni trop tard, car à l’instar de certains de ses morceaux qui semblent doucement s’évaporer, Agnes Obel commençait à s’éloigner des réflexes (les statistiques d’écoutes mensuelles sont un indicateur pratique).
Au contraire, et par hasard du calendrier, c’est dans un contexte sociétal international instable que Myopia apparaît. Et si « chaque nouvel album d’Agnes Obel est un événement » comme on peut le lire parfois, celui-ci possède en outre un effet apaisant salvateur dans la période actuelle. C’est donc au bon moment qu’Agnes Obel revient jouer avec les échos de sa voix et créer de mélodiques distorsions.
J’ai réalisé que j’avais moi aussi quelques dissonances et distorsions dans ma façon de voir le monde et de juger les choses. J’ai compris que je désirais faire un autre album autour de ce thème.
Agnes Obel – L’Echo
2010-2020 : dix années de compositions envoûtantes, de morceaux caressants, et de frissons qui parcourent le corps. Avec pour Myopia la saveur particulière de l’arrivée sur les prestigieux labels Deutsche Grammophon / Blue Note, et l’ouverture sur une nouvelle décennie qui promet encore de belles choses. Il semble bien que l’on pourra toujours venir se réfugier dans les bras d’Agnes Obel.
Crédit photo Alex Bruel Flagstad. Agnes Obel est en tournée européenne :