Anthologie d’anticipation, BLACK MIRROR s’amuse des nouvelles technologies et les dérives qui pourraient les accompagner. Alors qu’on pensait les trois premiers épisodes uniques en leur genre, une deuxième livraison est venue s’y ajouter (merci Channel 4). Toujours plus d’idées dans la prolongation de nos nouvelles habitudes numériques, entre réseaux sociaux, interactions audiovisuelles & le rapport entre les médias et les autres domaines (dont la politique et l’éthique).
BE RIGHT BACK
Et si on utilisait la masse d’informations en ligne (réseaux sociaux, mails…) liées à une personne pour recréer son identité après sa mort ? C’est la question que se pose une jeune veuve en plein deuil lorsqu’un nouveau service lui permet de recréer une connexion avec son mari défunt. Délire fantasmé ou presque, cet épisode joue l’opposé du droit à l’oubli en imaginant une personnalité issue de l’analyse de votre activité (publique et privée, avec options) en ligne. Et pourquoi ne pas l’incarner dans un androïde dernière génération ? Un brin effrayant, mais terriblement captivant, cet extrapolation de notre construction numérique quotidienne n’est pas si fictionnelle et pose de sérieuses questions sur cet amas de données laissé en liberté. Et si BLACK MIRROR passe par dessus une couche de sentiments, l’idée n’est peut être pas si éloignée d’une certaine réalité…
WHITE BEAR
Épisode de science fiction plus poussé, WHITE BEAR suit les pas d’une amnésique étrangement suivi par des voisins très curieux, filmant tout ce qu’il se passe lorsqu’elle est attaquée par des tueurs costumés. Freak show un peu étrange, cet épisode joue avec le concept de télé-réalité en proposant un jeu macabre dont on ne comprendra réellement les tenants qu’avec le cliffhanger de fin. Difficile de vous en dire plus, mais si l’idée n’est pas si originale (on pense aux vieilles fictions d’antan, type RUNNING MAN) son traitement offre quelques satisfactions.
THE WALDO MOMENT
Et si Lagaf’ et son Bill inspiraient ? D’un personnage animé, co-présentateur d’une émission télévisée, on peut imaginer un futur candidat à une élection politique… A force d’interviewer de façon cavalière ses invités, le personnage de Waldo devient de plus en plus populaire et va bientôt rentrer dans un jeu assez glauque en perturbant une élection et ses candidats traditionnels. Là aussi, l’imaginaire nous fait dire : et si ? Et si Waldo pouvait réellement prétendre à un siège à l’assemblée ? Plus vivant grâce à ses idées, son franc parler que son « physique », Waldo bouleverse les choses mais continue de jouer avec l’audimat (et donc les votants). Idée séduisante et provocatrice.
Cette deuxième fournée d’épisodes n’est pas aussi aboutie que la première, essentiellement pour des raisons de rythme et de sujet. Ceci étant, cela reste encore une brillante démonstration d’un savoir faire et d’une volonté de sortir des sentiers battus. Sans doute l’une des séries les plus faciles à rattraper, et un rendez-vous incontournable de l’année !
4 / 5