I want to believe. Again.

[Interviews croisées] 3 avis sur le retour de X-FILES

D’ici quelques semaines, THE X-FILES revient sur le petit écran pour 6 épisodes. Le 24 Janvier, Mulder et Scully renfilent leurs imperméables d’enquêteurs du paranormal pour la première fois depuis 2006 et le deuxième film I want to believe. Voilà une nouvelle qui nous réjouit au point de revoir l’intégralité de la série (les saisons 1, 2 et 3 sont déjà chroniquées ici, et la suite arrive…). On a aussi demandé à 3 passionnés de la première heure ce qu’il pensait de ce retour, mais aussi leur première rencontre avec le service des affaires non classées.

Comment avez-vous découvert la série et quel souvenir en gardez-vous ?

(Morgane Falaize / La Fille du RockJ’ai découvert X-Files au lycée. C’était notre rituel du vendredi soir avec la bande de copains : après l’entraînement de volley on se callait chacun chez soi pour regarder la série plus ou moins en cachette et on débriefait le lendemain dans la cour ! C’était un joyeux bordel. J’ai toujours aimé les histoires qui font peur, et plus tard les films d’horreur. Et là je découvrais une série qui compilait tous les monstres, légendes urbaines et créatures qui me fascinaient tant ! Je suivais la série avec beaucoup de délectation.

(Nico Prat / Rockyrama) Je ne sais pas si c’est mon tout premier souvenir de la série, mais je me souviens encore du traumatisme Tooms. Les deux épisodes avaient été réunis sur une même VHS, et pour une raison que j’ignore, mes parents ont cru que c’était une bonne idée de me l’acheter. Je devais avoir dix ans. J’ai vu et revu ces deux épisodes avec à chaque fois la même trouille au ventre, j’en faisais des cauchemars. Mais j’en redemandais. Encore aujourd’hui, Eugene Tooms reste l’un des personnages les plus flippants du petit écran (en grande partie grâce au physique de l’acteur Doug Hutchison). Je suis tombé amoureux de X-FILES à ce moment-là.

(Aurélien Allin / Cinemateaser) Oui, j’en ai même un souvenir très précis. Je suis tombé sur la série, totalement par hasard, un dimanche. C’était lors de la toute première fenêtre de diffusion sur M6 en juin 94. J’avais totalement accroché à l’ambiance visuelle, au ton, aux intentions narratives et bien sûr aux personnages. Mais ce n’est que lors de la diffusion dans la fenêtre mythique du vendredi soir en deuxième partie de soirée, quelques mois plus tard, que je suis devenu un vrai « X-Phile ». Si je dis « mythique » c’est parce que j’en ai un souvenir vraiment fort : regarder X-FILES la nuit, seul dans le salon, m’a vraiment filé quelques sacrées terreurs – surtout que la saison 2 était des plus flippantes. Immédiatement, j’ai rapproché ce plaisir immédiat à celui que j’avais ressenti quelques années plus tôt en regardant TWIN PEAKS sur La 5. Il y avait la même sensation d’assister à quelque chose de nouveau, d’intense. Et surtout, de marquant. C’est étrange mais en regardant X-FILES, dès sa première diffusion, j’ai eu la sensation – et on doit être nombreux dans ce cas – à sentir que cette série serait un moment important de l’histoire de la télé et un point décisif de ma cinéphilie.

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En quoi X-FILES a t-elle pour vous un caractère particulier (ou non) ?

(Morgane Falaize / La Fille du Rock ) Le schéma est très classique : lors de la première saison chaque épisode peut être regardé indépendamment des autres, en revanche après ça se complique. Le fil rouge entre chaque épisode prend de plus en plus de place, et parfois est le prétexte d’épisodes entiers. Les gentils, les méchants, les gentils qui sont un peu méchants et les méchants qui finalement ne le sont pas tant que ça… En revanche je trouve que la relation entre les deux personnages principaux est bien ficelée et ne tombe pas dans la facilité. Bien qu’ils soient mâle et femelle cela ne bascule jamais vraiment dans la romance. Bien sûr ça leur traverse l’esprit, parfois ils manquent de s’embrasser avant qu’un événement quelconque ne vienne les interrompre… Mais ils ne consomment jamais (même s’il arrive à lui faire un gosse, mais c’est une autre histoire). Un profond respect s’installe entre eux et ils tiennent à ce que chacun préserve son approche qui lui est propre (elle est une scientifique sceptique, il est un illuminé qui croit aux extra-terrestres), garantissant ainsi l’efficacité de leur duo.

(Nico Prat / Rockyrama) C’est ma première série adulte. C’était ça ou la Trilogie du Samedi, avec ROSWELL à l’époque. Pas la même came donc. Quand tu revois en 2015 la première saison, tu réalises à quel point elle reste mature, sombre et audacieuse, bien avant l’âge d’or des années 2000. Et pour la première fois, j’étais face à une mythologie qui se développait sur plusieurs saisons. Il fallait suivre, c’était nouveau pour moi.

(Aurélien Allin / Cinemateaser) Je crois que X-FILES m’a marqué pour ses qualités narratives et esthétiques. Narratives car je n’avais jamais vu de série qui ait à la fois un pan feuilletonnant et un pan procedural. C’était généralement l’un ou l’autre, pas les deux. Cela permettait un équilibre et surtout une grande variété d’enjeux qui rendait la série particulièrement attrayante, fraîche et en perpétuel mouvement. Cette énergie était d’autant plus palpable que visuellement, elle était à mille lieues de ce qu’on voyait à l’époque. Cette richesse faisait que X-FILES apparaissait comme une série fantastique qui pouvait attirer tous les publics et pas seulement les amateurs de genre. Du coup, la série a eu pour moi un caractère très particulier car quand elle a commencé à être diffusée le samedi soir dans la « Trilogie du samedi », j’ai converti mes parents : mon père adore le cinéma fantastique, ma mère pas du tout, mais tous les deux ont tout de suite adoré la série. C’était un peu un triomphe personnel !

Un épisode ou plusieurs épisodes qui vous ont particulièrement marqués ?

(Morgane Falaize / La Fille du Rock ) Non, j’ai surtout été traumatisée par les vestes à épaulettes de Scully. Sinon les épisodes de Tooms et Tunguska étaient cools (sur 9 saisons ce sont ceux qui me viennent spontanément à l’esprit). Tooms : un homme qui a la capacité d’étirer son corps à l’infini, ce qui lui permet de s’infiltrer dans un lieu par un trou de serrure. Encore plus fort que les contorsionnistes du Cirque du Soleil. Tunguska : uns histoire de complot dans un goulag en Sibérie où les Russes font des tests sur des civils en les contaminant avec l’huile noire (substance extra-terrestre). Du coup tous les hommes du village voisin se coupent le bras droit pour ne pas subir ces tests (vous ne comprenez rien ? c’est normal).

(Nico Prat / Rockyrama) Tooms donc, mais aussi Humbug, Faux Frères Siamois en français, le vingtième épisode de la saison 2. Je n’en avais qu’un vague souvenir, mais je l’ai revu récemment. C’est un immense épisode bizarre et tordu. De la première image jusqu’à l’improbable dénouement.

(Aurélien Allin / Cinemateaser) Il y en a tellement, que je pourrais en parler pendant des heures. En décembre, on a publié dans Cinemateaser Magazine un Top 20 des meilleurs épisodes de X-FILES et honnêtement, j’aurais pu avoir une liste à 80% différente… C’est un peu comme les chansons des Beatles : comment choisir ? Mais puisque je suis « obligé » de choisir, je citerais en premier « Prométhée Post-Moderne » (saison 5) qui est à la fois hautement sentimental, particulièrement dense narrativement, un bijou esthétique et une vraie étrangeté en termes de ton et d’humour. Pour moi, c’est un peu l’épisode somme qui présente tout ce que la série peut être et qui démontre à quel point elle était au-dessus du lot à l’époque et à quel point elle l’est encore aujourd’hui. Je citerais aussi « La Meute » (saison 4), sans doute l’épisode le plus révéré de la série et pour cause : comme « Prométhée », c’est une carte de visite de l’ADN de la série et de toute l’audace dont elle savait faire preuve. C’est d’une rare violence, c’est dérangeant et drôle (ou dérangeant parce que drôle), magnifiquement mis en image. Enfin, j’aime aussi tout particulièrement les épisodes standalones de la saison 2, des épisodes comme « La Main de l’Enfer », « Mystère Vaudou », « Excelsis Dei », « Faux Frères Siamois », « Quand vient la nuit », « L’hôte », « Insomnies », « Les Calusari » etc. Si la mythologie m’a passionné au fil des ans, je dois dire qu’aujourd’hui je cite plus volontiers les loners dans mes épisodes préférés. Sans doute parce qu’ils tiennent debout par eux-mêmes, sans avoir à être connecté au grand tissu narratif de la conspiration. Là, dans cette efficacité contenue, je trouve que la série a démontré tout son génie et son intemporalité. Quand je revois ces épisodes aujourd’hui, je les trouve toujours aussi forts et pertinents.

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Le retour de la série, mais aussi de Twin Peaks & d’autres ces prochaines années, une bonne idée, une nécessité ou une erreur ?

(Morgane Falaize / La Fille du Rock ) Je ne choisirais aucune de ces réponses, on le saura lorsqu’elle sera diffusée ! Le challenge est énorme car la série s’était achevée dans une presque indifférence, nous n’en attendions plus rien :
– Les scénaristes avaient fait le tour de la « conspiration extra-terrestre ». Honnêtement je n’y ai jamais rien compris et après 9 saisons ça devenait lassant.
– Les protagonistes arrivent au bout de leur quête personnelle qui était pourtant le moteur de toute leur vie : Mulder et la disparition de sa sœur, Scully et son désir d’enfant…
– Les nouveaux personnages étaient à bout de souffle et moins attachants : Mulder n’apparaissait que dans certains épisodes, Robert Patrick très/trop froid pour le remplacer, un nouveau directeur adjoint, la disparition de l’homme à la cigarette…
– Ca devenait compliquer de suivre les épisodes sans connaître la trame globale.
– De toute façon on va tous crever, alors à quoi bon ?

Mais je dois avouer que…. DAVID DUCHOVNY – HAAAAAAAAA. GILLIAN ANDERSON – HIIIIIIIIII. Je veux je veux je veux !

(Nico Prat / Rockyrama) J’ai envie d’en voir plus, mais je constate que malheureusement, les séries télé suivent le même chemin que le cinéma, ou tout n’est que remake et reboot. MINORITY REPORT, LIMITLESS, SUPERGIRL, c’est d’une tristesse sans nom. On peut penser que dans le cas de TWIN PEAKS et X-FILES, qui restent entre les mains de leurs créateurs, du bon peut ressortir de ça. Mais ce n’est pas gagné. La neuvième saison de 24 par exemple, était hautement dispensable.

(Aurélien Allin / Cinemateaser) C’est difficile à dire avant d’avoir vu les revival en question. Pour TWIN PEAKS et X-FILES, j’ai tendance à espérer que cela aura été une bonne idée au final… J’ai assez foi en Chris Carter : j’ai la sensation qu’il sait parfaitement quelles ont été ses erreurs sur les deux dernières saisons de la série et sur le deuxième film. J’ai eu aussi des retours enthousiastes de la part de quelques personnes ayant vu le premier épisode de la saison revival. Donc j’ai espoir.

Quoi espérer de cette saison 10 de X-FILES ?

(Morgane Falaize / La Fille du Rock ) Qu’elle n’ouvre pas des portes qu’elle ne pourra pas fermer, et qu’elle ne cherche pas à en faire trop.

(Nico Prat / Rockyrama) Rien. Et c’est sans doute la meilleure chose à faire: ne rien espérer pour être surpris et au final, un minimum satisfait.

(Aurélien Allin / Cinemateaser) Qu’elle soit au niveau de la légende de X-FILES. Qu’elle ait des scénarios soignés et fouillés, qu’elle réponde à l’actualité en la sondant avec intelligence comme elle a toujours su le faire. Que l’humour soit aussi fin dans son ironie. Que l’alchimie entre Duchovny et Anderson soit toujours aussi palpable, que Mulder et Scully soient toujours écrits avec la même subtilité. En fait, j’attends de cette saison 10 qu’elle me procure les mêmes frissons que les 7 premières. La barre est haute, donc !

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