The Borgias – Saison 1

Les Borgias sont à la mode ces dernières années, puisque deux projets de série ont été lancés en simultanée des deux côtés de l’Atlantique. Alors que Canal+ (et oui) dégainait la première, avec Tom Fontana (Homicide, Oz) aux manettes, c’est Showtime qui diffusait en première SA série sur la famille italienne, dirigée par un Neil Jordan venu du cinéma, et avec Jeremy Irons devant l’écran.

Showtime a depuis une décennie un beau CV de séries télévisées, entre les Dexter et Californication, et pour le coup les Tudors. Après 5 années de vie royale en Grande Bretagne, il était temps de se trouver un nouveau sujet de prédilection, et c’est donc direction vers l’Italie. Une Italie divisée en province, royaume (Naples, Milan, Florence…), au milieu desquelles le Pape a une influence certaine. Et lorsque un Borgia s’empare (pas tout à fait honnêtement) du pontificat, les tensions apparaissent. Le Pape, c’est Jeremy Irons, parfait dans le rôle, patriarche d’une famille recomposée, de trois fils et d’une fille dont il entend bien se servir et disperser pour servir les intérêts de la famille. Meurtre, trahison, empoisonnement, mariage forcé… Rien de très extraordinaire à l’époque, et Borgias n’hésite pas. Tout en gardant une certaine tenue. Mais les choses se compliquent lorsqu’un haut dignitaire de l’Eglise fait secession pour aller chercher le roi de France, qui pourrait déposer le souverain pontife…

Voilà The Borgias ; des intrigues de cour, des non dits, des relations extra conjuguales… Sulfureux à souhait, Jordan nous offre un retour dans l’époque sans concession, limité comme toujours aux relations entre individus (à peine aura t-on le souffle épique d’une bataille grandeur nature sur la fin – courte mais efficace). L’intrigue se passe dans les couloirs des palais, et on suit donc nos héros (la famille Borgias, soit le père, ses fils et sa fille, tous haut en couleurs et très limités en morale lorsqu’il s’agit de protéger la famille) entre les différentes provinces ou palais pour plaider leur cause, manoeuvrer… Dans tout ça, la vraie fausse bonne idée (mais vraie surprise) est de retrouver en roi de France un Michel Muller un peu oublié dans l’Hexagone. Si le comédien porte ici les marques de ses farces cryptées (qu’on adore, attention), force est d’avouer qu’il s’en sort pas trop mal. Reste à étudier la rencontre Jeremy Irons/Michel Muller, qui devient pour nous une sorte de réunion métaphysique…

Au final, The Borgias se laisse aisément regarder, traînant certes en longueur dans les couloirs du Vatican, un peu en manque de rythme par moment. Série de luxe, dont tout le budget est passé dans le visuel (les acteurs, les costumes, les décors…), on n’est pas étonné de retrouver le ton des grandes séries du câble américain. Reste à voir l’intérêt sur la continuité, sauf si on est réellement fans… et en attendant la copie conforme de Canal+ l’an prochain. Juste pour comparer.

3 / 5