Paul Thomas Anderson, dont je vous parlais déjà avec beaucoup d’amour à l’occasion de la sortie de The Master, revient à ses premières amours, la comédie. Mais attention vous n’allez pas voir une simple comédie, elle sera teintée de romantisme et de mélancolie, le tout soigneusement enveloppée dans une sordide enquête à tiroirs. Joaquin Phoenix est de nouveau de la partie, secondée par un immense casting (Reese Whiterspoon, Owen Wilson, Benicio Del Toro, Josh Broslin, Maya Rudolph, Jena Malone…).
Imaginez que votre ex débarque et vous parle de son amant milliardaire puis de sa femme, de l’amant de sa femme et de leur idée de faire enfermer le milliardaire dans un asile de fou. Vous pourriez fuir. Doc, lui, plonge et commence à enquêter.
Ça sonne compliqué ? Dites-vous que l’on se fout un peu du pitch. Ce qui semble être une histoire de détective est en fait une farce. On se laisse bercer par l’enquête et ce qui séduit principalement, c’est l’humour tout particulier du métrage et la force des personnages, magistralement campés par ce casting de dingo ! Notez par exemple la coupe de cheveux de Bigfoot joué par Josh Broslin et sa force évocatrice. Tous les détails sont savoureux et vous relèvent le film comme une pincée de fleur de sel avant le service.
Entre plans fixes structurés et longs travellings avant, PTA, comme l’appellent les initiés, offre une mise en scène impeccable. La présence d’une narratrice que l’on identifie un peu tard et qui se nomme Sortilège donne au film une dimension nébuleuse. S’ajoute à cela la musique de Jonny Greenwood, guitariste prodige de Radiohead et fidèle compositeur de PTA depuis There Will Be Blood. On est en plein trip : c’est la fin des psychédéliques années 60 à Los Angeles. Là voilà notre farce sur l’Amérique !
Certaines scènes, comme dans tous les films de PTA, captent furieusement l’attention du spectateur. Il a ce don, ce génie et ça marche encore. Malgré l’humour, l’émotion dont surtout la nostalgie (d’un amour passé et d’une époque révolue) fait partie intégrante du film et est incarnée par le personnage de Shasta (campée par Katherine Waterson, une sublime découverte).
On sort du film en flottaison, en ayant cette douce impression d’avoir fumé autant d’herbe que Joaquin Pheonix. C’était tellement bon, qu’on n’a qu’une seule hâte le revoir encore.
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