Présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes cette année, L’Institutrice est le second film de Nadav Lapid, réalisateur israélien qui avait déjà séduit avec Le Policier.
Une institutrice en maternelle découvre le talent de poète de l’un de ses élèves, Yoav. En pâmoison devant tant de génie, elle tente tout pour stimuler ce don, le comprendre et le faire découvrir au Monde.
Avec un audacieux travail de mise en scène, le film nous montre un point de vue auquel nous ne sommes pas habitués : le décor et les acteurs cognent presque la caméra, elle se trouve aussi parfois à hauteur d’enfant, elle alterne gros plans et plans-séquences comme la métrique d’un poème moderne ; elle est un élément actif du film.
Quasiment autobiographique, le métrage touche donc part sa forme mais également par son fond et notamment grâce aux poèmes. Le réalisateur est l’auteur des poèmes que l’on entend dans la bouche de Yoav, vers qu’il a créés lorsqu’il était enfant. Le personnage de l’institutrice et son état d’urgence face à l’art sont aussi un aspect autobiographique du film. Nadav Lapid semble être un grand sensible et on le ressent totalement à la vue de son oeuvre.
Les deux acteurs principaux sont surprenants : le jeune garçon qui campe Yoav est époustouflant de justesse, de gravité et de cuteness (avec ses beaux yeux et son cheveu sur la langue il est trop craquant). Sarit Larry, l’institutrice, est en fait une philosophe qui faisait du théâtre il y a plus de 10 ans. Ces deux choix de casting nous renseigne encore sur le dessein du réalisateur de ne pas simplement faire un film mais d’y mettre un sens absolu, jusque dans des détails anecdotiques.
L’Institutrice fait écho au Policier par son message, celui d’une lutte pour un monde plus beau vouée à l’échec, et par les émotions qu’il transmet, entre calme et détresse.
Il n’y a pas tant de films qui ont trouvé grâce à mes yeux cette année. Celui-là en fait partie et je vous le recommande immensément, il est dans sa forme et son fond réuni quelque chose que l’on ne voit pas souvent et qui touche autant qu’il inquiète.
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