Réalisé par Anca Damian.
Écrit par Anca Damian et Anna Winkler.
Voix de Christophe Miossec et Lizzie Brochère.
Roumanie/Pologne/France. 85 minutes. Sortie le 23 Décembre 2015.
Festival du Film d’Amiens 2015 : Compétition longs-métrages
LA MONTAGNE MAGIQUE se démarque totalement des films de la compétition car il est à la fois un documentaire mais aussi un film d’animation. Les deux techniques se mélangent pour donner une forme nouvelle au récit. Ce qui donne une force d’originalité au long-métrage est la diversité des formes d’animation développées. On y trouve aussi bien le dessin traditionnel que l’emploi du stop motion, de la bande dessinée ou de la peinture. Il y a même des images d’archives qui viennent s’incruster à de multiples passages, dans lesquelles Anca Damian ajoutera des dessins.
Une telle appropriation de l’animation permet au documentaire de traiter plusieurs espaces et plusieurs temporalités à la fois. Comme si, avec toutes ces formes diverses, le long-métrage réussit à délimiter les temps forts d’un récit qui a beaucoup à raconter. Alors que le fond du film ne possède aucune transition dans une continuité toujours logique, rigoureuse et parfaitement lissée, il a quand même ce rythme que l’animation implique. Ce documentaire d’animation a besoin de cette dynamique au montage, parce qu’il laisse les traces d’un film engagé.
C’est par le sujet qu’il traite, que l’animation prend toute son importance. En parlant du monde actuel en retraçant un pan de l’Histoire, le long-métrage tisse les traits d’une société qui vit des moments sombres. En prenant parti pour le protagoniste (raconté de façon interne où le narrateur se fait passer pour le protagoniste), ce biopic documentaire tient à utiliser les techniques de l’animation pour sensibiliser le spectateur à des faits qui pourraient être terribles. En effet, là où un film n’utilisant que des images d’archives pourrait être complètement pédagogique et larmoyant, ici Anca Damian rend son discours plus sensoriel que démagogique.
C’est toute la puissance des images dessinées : elles ont cette facilité de l’approche et ce regard plus doux avec les événements. Le protagoniste en est donc l’argument central, où ses histoires secrètes sont la source d’un sentiment personnel du voyage. Celui qui emmène le spectateur vers les coulisses de l’Histoire : parce qu’à travers ce biopic, le documentaire se concentre surtout sur une guerre qui a duré une bonne décennie. Même si le long-métrage n’est pas un film historique en soi, il en a la force, car il permet d’établir l’état émotionnel de son protagoniste. En effet, celui-ci est bien l’âme même du film, celui qui le fait progresser et qui le bouleverse dans son récit.
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