On essaie souvent d’aller chercher les découvertes au-delà de nos frontières, persuadés un peu trop vite qu’on aurait entendu parler des talents locaux. Que nenni, voici que débarquent Brugeas et Toulhoat, signant un épais volume dessiné non dénué de risques et de promesses. ça parle de nazis (vainqueurs!), de zombies et de fin du monde.
Block 109 joue la carte du récit épique, entre une bonne dizaine de figures plus ou moins principales, à différents lieux et temps. Il faut dire que l’histoire, qui se situe dans des années 40 qui ont vu l’Allemagne nazie vaincre (annihiler) ses adversaires, a plutôt la tête d’une pré-Apocalypse bien sentie. Les alliés se sont fait atomisés, les autres sont inexistants et seule la Russie parvient à faire vaciller le nouveau régime. Nouveau, oui, car Hitler et ses principaux lieutenants sont morts (accident ou non). Les nazis se sont développés, les SS étant devenus une vraie religion, et l’état autre chose. Bref, c’est un peu la zizanie à l’extérieur et à l’intérieur du Reich, et on sent les choses s’envenimer sérieux. Les Russes sont aux portes de Berlin, et dans les combats de rues apparaissent de dangereux zombies, ex-soldats nouvellement mués en bêtes féroces et puissantes. On part donc à la recherche d’une solution, et plus précipitamment d’une sortie de secours…
Le pari est risqué. Jouer la carte de l’uchronie est assez déroutante, surtout lorsqu’on établit son récit sur une Allemagne nazie victorieuse, à l’instar du Maitre du Haut Chateau de Philip K. Dick. Mais l’intérêt n’est pas de détaillé un « What If… », il est ici de réinventer totalement l’histoire, en se servant de quelques moments de la grande Histoire pour donner un peu d’ancrage réel. Les nazis, donc, sont divisés, mis en situation de faiblesse face aux Russes, alors qu’ils s’étaient bien développés après 1945. Les auteurs instaurent un vrai thriller historique (avec flash back!) où les héros sont autant les spectateurs de tout cela que nous, où tout s’effondre, collapse. Mais pas de hasard, ces trajectoires se rejoignent à un moment pour offrir un scénario dense mais avec une direction bien définie. Servi par un dessin sobre à volonté (peu de couleurs), crayonné, sépia, Block 109 livre sa dose de combat et de suspense (dans le métro allemand!) pour une histoire à mi-chemin entre histoire et science fiction.
Aux vues du succès de ce premier opus, les auteurs ont apparemment décidés de développer leur monde alternatif. En attendant de savoir quel en sera l’exact teneur, passez donc faire un tour sur leur blog pour suivre leur actualité! Prochaine étape, Etoile Rouge, le deuxième volume.
4 / 5