L’Echiquier du Mal

Dan Simmons est bien connu des fans de science fiction pour être l’auteur de la saga Hypérion. Il a aussi écrit d’autres livres, notamment Carrion Comfort (en VO), histoire en deux volumes sur une traque de nazis et des êtres manipulateurs de haut rangs. Une saga forte en péripétie et incroyablement intense, parfaitement pensée de bout en bout.

Nous découvrons notre monde, à partir de la Seconde Guerre Mondiale, en suivant Saul Laski, Juif de son état, rescapé des camps et plus tard chasseurs de nazis qui retrouvera la trace de son tortionnaire, l’Oberst, aux Etats Unis. Seul détail important, l’ancien nazi SS est un manipulateur psychique de première, qui comme quelques personnes, peut contrôler à distance des « sujets » qu’il transforme en pion pour ses basses taches, ou encore des parties d’échecs à taille réelle. Leur combat, bien qu’inégal, entraîne d’autres possesseurs de ce « Talent » et leurs éventuelles victimes dans une course en avant au pouvoir, et de multiples morts violentes. Simmons construit son récit réellement comme un jeu d’échec à grandeur du monde, notre monde. Effleurant l’idée que certains évènements réels sont ainsi les conséquences des manipulations de l’Oberst et ses amis, ou encore posant son récit dans des endroits très concrets (notamment des banlieues de villes américaines, des aéroports, la vieille Europe…), nous restons accrochés à l’idée que cela pourrait tout à fait exister.

Véritable thriller paranormal qui n’aurait à envier au moindre film sur les chasses de nazis, L’Echiquier du Mal parvient à conserver une remarquable efficacité en ne laissant aucun de ses personnages en sécurité, et un suspens toujours maximum. Malgré le désavantage de Saul Laski et ses camarades, dépourvus du Talent, l’auteur expliquera chacune de leurs actions, et leurs succès ou échecs de manière très logiques. De plus, la psychologie très torturée de chacun des personnages, et leurs émotions, sont mises en avant. Finalement la grande réussite de ce dyptique (parfois réuni en un seul volume) est de nous surprendre par la redoutable dramaturgie de l’ensemble. Attendez vous à des surprises, des personnages clés disparaissant bien plus tôt que prévu, et des combats sanglants mêlant les plus hauts intérêts des USA. Ne cédant pas à la facilité, Dan Simmons nous offre un récit emprunt d’une véracité historique (que ce soit la Seconde Guerre Mondiale, ou encore plus les Etats Unis des années 80), et d’une interaction avec la fiction digne d’intérêt, notamment sur la psychologie criminelle et la cruauté de certains êtres. On aurait aimé voir des suites déclinées sur ce même modèle.

4.5 / 5