À notre époque tout peut aller très vite dans la musique. Jorja Smith, 21 ans, sort son premier album Lost & Found composé de quasiment tous les singles qu’elle avait pu sortir jusque-là, depuis son début de carrière en 2016. Une voie royale pour la protégée de Drake qui semble miser autant sur sa personnalité (lascive, un brin hautaine, parfois absente) que sur sa musique.
À l’écoute de Lost & Found pourtant, elle n’a pas à rougir. Son premier album l’installe facilement comme un nouveau nom à suivre dans le style r’n’b – néo-soul – jazz, aux influences assumées (Amy Winehouse) ou plus induites (Selah Sue). Les morceaux sont tous réussis, chacun semblant nourrir les autres et apporter une véritable cohérence à l’ensemble. Évidemment il y a ceux qui traînent depuis longtemps (Teenage Fantasy, Where Did I Go, Blue Lights) mais aussi de réelles découvertes : l’excellent Wandering Romance, l’acoustique Goodbyes, Tomorrow et sa remarquable envolée, ou l’éponyme Lost & Found qui ouvre l’album. Enfin, Don’t Watch Me Cry ferme le tout avec une ballade piano-voix que n’aurait pas renié Adele.
On aurait pu craindre de l’essoufflement voire de la lassitude sur un premier disque exposé au piège de la répétition, il n’en est rien. La britannique évite soigneusement le risque, en variant les tempos, en soignant ses featurings, et en habitant réellement ses paroles (loin de l’image publique qu’elle peut dégager).
Lost & Found a tout pour s’inscrire dans l’année 2018, a tout pour durer longtemps après sa sortie. Il sonne déjà comme un classique et laisse à Jorja Smith le soin de confirmer et d’affirmer son style.
4.2 / 5