« La série de l’année » ou « la saison de la décennie » : voilà des expressions rapidement utilisées à chaque classement périodique, qui diminue fortement l’appellation souhaitée. On arrive ainsi à avoir de nombreux coups de coeur qui ne sont pas forcément hissés tout en haut du podium télévisuel.
HANNIBAL, on essaierait bien de vous le vendre comme tel. Une série somptueuse, glaciale, voire carrément malsaine par moments, qui pourtant offre un spectacle rare et un vrai thriller en 39 épisodes pour les amateurs du genre. Mais voilà, bien que toutes les qualités nécessaires soient au rendez-vous, HANNIBAL n’est pas un hit. Avec FARGO, la série de Bryan Fuller (pas un débutant) reprenait un univers sur le petit écran, et en explosait les limites. Mads Mikkelsen, royal, affrontait Will Graham dans un duel psychologique dont nous étions les premiers spectateurs.
Et ce spectacle en valait la peine. Des images rares, chocs, pour une série sur les rouages d’un esprit psychopathe, HANNIBAL ne faisait pas les choses à moitié et nous laissait entre rêves et réalités voir de nombreuses choses. Cette 3e (et dernière) saison l’utilise largement, alors qu’Hannibal Lecter est en fuite en Italie. Un pan de la mythologie du personnage de Thomas Harris repris à l’écran, et nous voilà en pleine péninsule baroque, où le bon docteur s’est fondu dans la masse. Mais alors que la traque de ses anciens amis américains se fait plus pressante, il remet le couvert. Littéralement.
On pourra reprocher à la saison des ellipses un peu inutiles, voire deux temps assez mécaniques, mais c’est au profit des idées exposées. Celle de voir arriver le Dragon Rouge, au retour d’Europe, pour faire revenir la série du côté de Baltimore. Depuis sa deuxième année, HANNIBAL a abandonné toute volonté de coller au schéma classique des séries. On se promène dans l’histoire comme si elle avait éclaté, entre passé et présent, intention ou réalisme. Voir la série se terminer ainsi, assez sèchement, offre de grandes scènes et quelques visuels marquants. On regrettera de ne pas y voir une suite, quelque part, qui aurait pu ainsi pérenniser le personnage déjà mythique du cinéma, qui venait de se trouver une deuxième jeunesse.
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